Elia Suleiman ou le burlesque comme arme de résistance massive: «Depuis le 7 octobre, la censure s’est abattue sur les cinéastes palestiniens»

من تطوان ...المخرج الفلسطيني إيليا سليمان لle360: هناك رقابة على السينما الفلسطينية في العالم

Le cinéaste palestinien Elia Suleiman.

EntretienElia Suleiman, immense cinéaste palestinien installé en France, a présidé le jury de la 29ème édition du Festival du cinéma méditerranéen de Tétouan, qui a pris fin le samedi 4 mai. Dans cet entretien avec Le360, l’auteur de «It Must Be Heaven» dit tout son amour pour le Maroc et révèle la censure dont sont victimes les cinéastes de son pays dans le monde depuis l’attaque du Hamas contre Israël et les conséquences désastreuses qui s’en sont suivies pour le peuple palestinien dans son ensemble.

Le 08/05/2024 à 09h29

On ne présente plus Elia Suleiman, porte-drapeau depuis trois décennies du cinéma palestinien, qui présidait cette année le Festival du cinéma méditerranéen de Tétouan. Depuis son premier long métrage, «Chroniques d’une disparition» (1996), le réalisateur s’est construit une place à part dans le paysage cinématographique mondial, avec des films au ton intimiste, oscillant délicieusement entre la mélancolie et le burlesque, et racontant, souvent à la première personne, le drame palestinien, le déchirement, l’exil et une forme de résilience.

Dans cet échange avec Le360, l’auteur d’«Intervention divine», Prix du jury au Festival de Cannes 2002, confie son attachement au Maroc et déplore la censure qui frappe les cinéastes palestiniens dans le monde depuis le 7 octobre 2023.

Le360: En tant que président du jury du Festival du cinéma méditerranéen de Tétouan, vous avez pu rencontrer un public qui aime la Palestine et le cinéma palestinien. Quel est votre sentiment?

Elia Suleiman: Une des raisons pour lesquelles je viens ici au Maroc est à la fois culturelle et politique. J’aime beaucoup ce pays et je le visite souvent. Dans la plupart des cas, c’est dans le cadre d’activités culturelles auxquelles je suis invité, et plus rarement pour du tourisme. Je pense que tout le monde connaît le lien qui unit les Marocains et les Palestiniens. Et je pense que c’est un facteur essentiel.

Dans votre dernier film, «It Must Be Heaven», et dans bien d’autres, vous avez recours à la farce et à une certaine ironie. Pourquoi utilisez-vous ce ton dans votre langage cinématographique?

Mon dernier film est très différent des précédents. Il évoque le sujet de la mondialisation, à partir d’une perspective palestinienne. C’est notamment pour cette raison qu’il a été tourné dans plusieurs endroits dans le monde.

Quelle est la place du cinéma palestinien aujourd’hui dans le monde?

Nous allons voir comment tout cela va évoluer. Mais ce qui est sûr, c’est que depuis le 7 octobre, les choses ont changé et la censure s’est abattue sur les réalisateurs palestiniens.

Par Achraf El Hassani et Said Kadri
Le 08/05/2024 à 09h29