«Film Hyati» (Ep-4): le réalisateur Saâd Chraïbi nous parle du film qui a éveillé sa passion pour l’histoire

Saâd Chraïbi, réalisateur et scénariste marocain.

Le 03/04/2024 à 10h21

VidéoDans une série de 8 épisodes, Le360 vous invite à un voyage durant le mois de ramadan, explorant les rêves, les préoccupations et les souvenirs de réalisateurs, acteurs et écrivains passionnés par le cinéma. Chaque épisode sonde l’impact du 7ème art sur leur vie personnelle et professionnelle.

Fin connaisseur de l’art cinématographique, les réalisations de Saâd Chraïbi se distinguent par leur profondeur intellectuelle et leur engagement social. Ses films, tels des miroirs reflétant les enjeux historiques, politiques et sociaux de la société marocaine, ont été salués pour leur capacité à susciter des réflexions profondes chez les spectateurs. Dans cet entretien exclusif, Chraïbi révèle le premier film qui a marqué son esprit à l’âge de vingt ans et a inspiré sa perspective artistique de réalisateur.

«C’est à Paris en 1972 que j’ai regardé pour la première fois le film «L’Attentat» d’Yves Boisset, qui a rassemblé de grands noms du cinéma de l’époque tels que les français Jean-Louis Trintignant et Michel Piccoli, l’américaine Jean Seberg ou encore l’italien Gian Maria Volonté», déclare Saâd Chraïbi. Et d’ajouter: «Ce film, inspiré par l’assassinat en octobre 1965 du politicien marocain Mehdi Ben Barka en France, m’a vraiment marqué pour deux principales raisons.»

«Déjà, ce film combine parfaitement entre les faits réels de l’événement qui s’est déroulé 7 ans auparavant et les scènes fictives. Aussi, il traite d’un sujet à la fois politique et social, et ces deux aspects de la réalisation, j’ai toujours essayé de les appliquer dans mes propres œuvres», explique le réalisateur.

Interrogé sur l’impact de ce film sur sa vie personnelle et professionnelle, il répond: «Ce film m’a réellement marqué en m’arrachant à une vision superficielle de la vie quotidienne. Il a façonné mon esprit pour percevoir le monde avec un regard artistique et m’a incité à m’intéresser davantage aux événements historiques. Cela m’a parfois mis en marge de la société, car je peine à me conformer aux trivialités de la vie.»

Saâd Chraïbi se remémore une anecdote poignante à Khémisset lors d’une des projections de son film «Nissaâ wa nissaâ» (Femmes… et femmes) sorti en 1999 et qui traite en partie de violences conjugales. Il raconte: «Les spectateurs étaient majoritairement des habitants de la région, dont certains étaient agriculteurs à notre sortie de la salle, l’un d’eux, est venu vers moi pour me parler.»

«Ce monsieur qui est venu vers moi m’a attrapé et m’a confié d’un ton sérieux qu’il a souvent été violent envers sa femme, mais qu’il ne lèvera plus jamais la main sur elle après avoir vu mon film», conclut notre invité.

Par Achraf El Hassani et Said Bouchrit
Le 03/04/2024 à 10h21