La musique de Meriem Ment Hassan, chanteuse du Polisario, dans «Zanka contact»: le CCM sévit

«Zanka Contact», d’Ismaël El Iraki (2022). 

«Zanka Contact», d’Ismaël El Iraki (2022).  . DR

Le Centre cinématographique marocain a sanctionné le réalisateur Ismaïl Laraki. Suspension du visa d'exploitation du film Zanka Contact, suspension de sa carte professionnelle, suspension de la projection commerciale et culturelle, risque de retrait de son autorisation d'exercer en tant que réalisateur et producteur exécutif... Les raisons.

Le 20/10/2022 à 12h44

Le réalisateur Ismaïl Laraki est dans de sales draps. Le Centre cinématographique marocain (CCM) a décidé de suspendre le visa d’exploitation de son dernier film «Zanka Contact».

Ce film, sacré Grand Prix au dernier festival national du film de Tanger, qui a eu lieu du 16 au 24 septembre 2022, fait polémique. Sur les réseaux sociaux, les internautes se plaignent de l’utilisation d’extraits d’un titre d’une chanteuse séparatiste du Front Polisario, du nom de Meriem Ment Hassan.

Le CCM s’est donc rapidement saisi de l’affaire et a décidé de re-visionner le film, afin de s’assurer de la véracité des informations partagées par les internautes.

«Il s’est avéré que le film trahit le texte, le dialogue et le son qui ont été prédéfinis dans le scénario lu par la commission du fonds d’aide au soutien cinématographique dans une démarche suspicieuse de la part du réalisateur et du producteur», explique le communiqué diffusé par le Centre cinématographique marocain, ce jeudi 20 octobre 2022.

Le CCM a donc décidé de sévir, et a émis une série de sanctions à l’encontre d’Ismaïl Laraki. En plus du retrait provisoire du visa d’exploitation commerciale et culturelle du film, il a été décidé de suspendre la projection commerciale et culturelle de ce film, aussi bien au Maroc qu'à l’étranger.

Aussi, la société Montfleuri production a été sommée de rétablir dans un délai de 48 heures la version originale du film, de façon à ce qu’il corresponde à son scénario original, qui a reçu l’avance sur recette et une autorisation de tournage. Si la société ne s’exécute pas, l’autorisation d’exercer son métier de réalisateur sera retirée à Ismaïl Laraki, de même que pour le producteur exécutif.

Ce n’est pas tout. La carte professionnelle d’Ismaïl Laraki a été suspendue, et le CCM se réserve le droit de lancer une procédure judiciaire contre le producteur et le réalisateur, pour avoir modifié les informations, le contenu et le son cinématographique et audiovisuel, et d’avoir ainsi bravé le règlement et les dispositions juridiques spécifiées. 

Dans ce même communiqué, le CCM précise que le scénario de ce film, qui avait été déposé auprès la commission d’aide au soutien cinématographique ne fait à aucun moment allusion à l’utilisation de la «musique» de ladite Meriem Ment Hassan, mais souligne plutôt que plusieurs extraits de la chanson Sidi Reddad du chanteur Fadol seront exploités. «La chanson de Fadol qui ne porte aucunement atteinte aux fondements de la nation Marocain», signale le CCM tout en rappelant que l’un des membres de cette commission est un représentant de la culture Hassanie.

Le CCM explique également que la version déposée pour obtenir l’autorisation de tournage est la même que celle qui a été déposée devant la commission d’aide pour un soutien à la production.

Ce film, qui a été projeté dans 16 salles au Maroc (six villes en tout), entre le 9 septembre 2021 et le 9 août 2022, a reçu une avance sur recettes de 4,2 millions de dirhams. Il a été vu par 8000 spectateurs et a engrangé un chiffre d’affaires de 350.000 dirhams.

Le CCM ajoute aussi qu’à aucun moment, ce film, qui fait l'objet aujourd’hui d’une grande polémique, n’a attiré de commentaires ou de remarques sur ses aspects techniques ou artistiques.

Avant sa sortie en salles, ce film avait été visionné par la commission du fonds d’aide au soutien cinématographique, qui a décidé à l’unanimité de lui accorder la quatrième et dernière tranche de l’avance sur recette.

Par Qods Chabaa
Le 20/10/2022 à 12h44