Bientôt six ans que le Grand théâtre de Casablanca est prêt. Six ans que le plus grand établissement culturel de la métropole demeure inopérant. Personne ne sait quand cet espace, conçu par le tandem Christian de Portzamparc et Rachid Andaloussi et livré en 2019, ouvrira enfin ses portes.
Interrogée sur la question par Le360 il y a quelques jours, Nabila Rmili, présidente du conseil de la ville, a répondu par un simple «Inchallah», qu’elle a répété à deux reprises, en marge de l’inauguration du Musée de la Mémoire de Casablanca, le 25 février dernier.
À force d’attendre, sans aucune visibilité quant à l’ouverture du Grand théâtre, les artistes et les professionnels de la culture commencent à s’interroger sur les raisons de cette inertie. Pourquoi ce bijou architectural, qui surplombe la place Mohammed V, n’accueille-t-il toujours pas le public? C’est la même question que s’est posée Gad El Maleh lorsqu’il a annoncé les dates de la tournée de son dernier spectacle.
Dans leurs commentaires, plusieurs internautes se sont étonnés de l’absence de dates marocaines pour sa tournée 2025. L’humoriste, lui aussi surpris par l’indisponibilité des nouveaux théâtres de Rabat et de Casablanca – pourtant livrés récemment –, a exprimé son incompréhension:
«Message au public marocain. Je reçois chaque jour vos centaines de messages concernant ma venue en tournée au Maroc. Je suis dans l’incompréhension de voir nos magnifiques théâtres de Casa et Rabat encore fermés», a-t-il écrit, avant d’ajouter en darija: «Iwa Bazz», tout en demandant à ses fans si quelqu’un avait la réponse.
Pour l’heure, aucune date officielle d’ouverture n’a été annoncée pour cette infrastructure culturelle, réalisée avec un budget de 1,4 milliard de dirhams. L’une des principales raisons avancées pour justifier ce retard serait l’absence d’un modèle de gestion. C’est ce qu’avait laissé entendre Nabila Rmili en mai 2024, lors de la conférence-débat sur Casablanca à horizon 2030. Elle avait alors déclaré que les responsables du conseil de la ville étaient en train d’étudier le business model le plus approprié pour assurer la gestion du théâtre, dont le déficit annuel pourrait dépasser les 100 millions de dirhams.
Toutefois, cet argument ne convainc pas totalement. En effet, la SDL Casa Aménagement – maître d’ouvrage du projet – avait signé en 2021 une convention avec Casa Event et Animation, stipulant que cette dernière assurerait la direction artistique du théâtre. Ce partenariat incluait également un accompagnement technique par l’entreprise française Fimalac, chargée de former une équipe marocaine pour prendre la relève après une période de prestations de deux ans, à compter de l’ouverture du théâtre.
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Depuis, le flou persiste. En attendant qu’un gestionnaire soit officiellement désigné et qu’il reçoive les clés de l’établissement, Casa Aménagement a demandé un audit final du projet. Le cabinet Fizazi et Associés a été missionné pour réaliser cet audit externe, couvrant les volets achats, gouvernance, organisation et finances. Celui-ci devra être exécuté conformément aux normes et règlements en vigueur, afin de vérifier le respect des conditions initiales définies dans la convention de réalisation du théâtre, signée le 4 avril 2011 par les différents partenaires.
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