Tout commence le 23 septembre dernier, lorsqu’Adidas annonce la sortie des nouveaux maillots de l’équipe de football algérienne, dont les motifs sont inspirés du Mechouar de Tlemcen. Une annonce qui ne passe pas inaperçue, puisque les motifs qui ornent ces tenues renvoient clairement aux représentations de l’art du zellige marocain. Un cas patent de pillage culturel.
Pour maâlem Saïd Benadiba, mémoire vive du zellige marocain, imiter le Royaume est désormais monnaie courante en Algérie. A ce sujet, dans une déclaration pour Le360, ce grand maître artisan, qui jouit d’une large notoriété pour son savoir-faire indéniable et inégalé, rappelle une anecdote qui en dit long. Le zellige qui orne la maison de Bouteflika a été acheminé jusque chez lui, par taxi, depuis le Maroc!
Il explique également que plusieurs mosquées en Algérie, pour ne pas dire toutes, ont été construites par des Marocains, citant un ouvrage en sa possession.
Il rappelle, sur le même sujet, les propos de Ali Belhaj (cofondateur du Front islamique du salut - FIS, Ndlr), qui avait déclaré que la première mosquée en Algérie avait été bâtie par un Marocain. Autre fait marquant et non des moindres: tous les maâlems plâtriers à Alger sont originaires du Maroc.
Maâlem Saïd Benadiba ajoute qu’il a été sollicité par plusieurs pays, notamment la Tunisie et l’Egypte, pour partager son savoir-faire, mais qu’il a toujours refusé pour ne pas trahir sa patrie, à l’origine de cette mosaïque géométrique multicolore.
De plus, poursuit-il, les motifs qui ornent les maillots de l’équipe de football algérienne se trouvent partout ici, au Maroc, notamment dans les maisons. Maâlem Saïd Benadiba explique que ce sont d'ailleurs les premiers dessins appris par les artisans, au début de leur carrière.
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Rappelons que ce cas patent de pillage culturel n’a pas manqué de faire réagir le ministère de la Culture marocain. Celui-ci a, en effet, mandaté Me Mourad Elajouti pour envoyer une lettre de mise en demeure à l’équipementier sportif, afin d'entamer une procédure judiciaire.
Après des discussions constructives entre Adidas et le ministère, l’équipementier a publié hier, vendredi 14 octobre 2022, un communiqué dans lequel il affirme être «en mesure de confirmer un accord juridique positif par rapport à la récente affaire des maillots de football».
Adidas admet que «le design s’inspirait effectivement du motif des mosaïques de Zellige», et affirme n’avoir eu «à aucun moment l’intention d’offenser qui que ce soit».