L’hôtel Miramar et le Casino de Mohammedia ont disparu. Ces deux bâtiments emblématiques de l’architecture de Mohammedia et du Grand Casablanca viennent tout juste d’être démolis.
En lieu et place de ces deux bâtiments, qui faisaient partie du paysage architectural de la ville, seront construits d’autres projets urbains, qui s'inscrivent dans le cadre du réaménagement de la corniche de Mohammedia, et dont le maître d’ouvrage est Casa Aménagement.
Dans un communiqué émis le 2 février dernier, l’association Casa Mémoire, qui défend le patrimoine architectural de Casablanca, a dénoncé ce qu’elle a nommé «un nouvel épisode de destruction caractérisée et méthodique du patrimoine urbain».
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Contactée par Le360, Rabéa Ridaoui, présidente de cette association, a tenu à rappeler que le casino qui a été détruit, qui datait de 1923, avait été reconçu, dans l'entre-deux-guerres, par l’architecte français Albert Planque (le concepteur, entre autres, du cinéma Liberté à Casablanca, et l'un des architectes ayant participé à la reconstruction d’Agadir après le séisme de 1960).
L’hôtel Miramar, surplombant la corniche de Mohammedia, fermé de longues années durant, était très connu des habitants de Mohammedia. Il avait été construit en 1923. Si le nom de l’architecte initial de cet hôtel n’est pas connu, c'est, là aussi, Albert Planque, un architecte réputé pour ses lignes épurées, qui avait revisité sa conception à une date indéterminée.
«Ces deux bâtiments, qui font partie d’un ensemble urbain et paysager exceptionnel du centre-ville de Mohammedia et symbolisent son identité balnéaire, ont été initialement construits en 1929 pour l’hôtel Miramar, et en 1933 pour le Casino. Par la suite, les deux bâtiments ont connu un agrandissement et une extension, dans une écriture moderne aux lignes simples et épurées, réalisés par l’architecte Albert Planque, auteur de nombreux chefs-d’œuvres à Mohammedia», détaille la présidente Casa Mémoire, visiblement très remontée contre ces deux actes de démolition.
Rabéa Ridaoui explique aussi que les architectes qui font partie de l'association Casa Mémoire ont été d’autant plus choqués par la démolition de ces deux bâtiments, que ceux-ci figurent sur la liste d’un inventaire qui avait été réalisé par l’agence urbaine, dans le contexte de l’élaboration d'un plan de sauvegarde et de valorisation du patrimoine architectural du grand Casablanca.
Ce n’est pas tout. Ces deux bâtiments avaient fait l’objet d’alertes récurrentes de la part de Casa Mémoire auprès des autorités compétentes, afin de tenter de les sensibiliser à l’intérêt architectural majeur de ces bâtiments.
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Une demande de leur inscription dans la liste du patrimoine national avait été déposée auprès du ministère de la Culture en 2014. Mais depuis, aucune réaction de la part de ce département ministériel, aujourd’hui dirigé par Mehdi Bensaïd.
Rabéa Ridaoui déclare cependant être consciente du fait que malheureusement, l’inscription d’un bâtiment au patrimoine architectural national n’empêche pas sa démolition. Elle en veut pour preuve que les exemples, à cet égard, sont légion.
Selon cette architecte, il est donc aujourd’hui plus que jamais nécessaire d'instaurer un arsenal juridique adéquat, à même d'empêcher de manière efficace la destruction de bâtiments qui font partie du patrimoine architectural du pays, et qui nécessitent donc d’être préservés.