Il n'a pas fallu plus de quatre jours à Othman El Ferdaous pour réagir aux critiques, parfois virulentes, sur le programme exceptionnel de soutien au monde de la culture, en cette difficile année 2020. Il faut dire que les commentaires vont bon train sur les réseaux sociaux, que les Marocains s’indignent, et remettent en question les critères choisis pour cette aide directe, qui concerne différents domaines artistiques, ainsi que la qualité des personnes qui en bénéficient.
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Latifa Raâfat n'avait pas postulé pour cette aide, mais a tout de même tenu à en commenter les résultats, publiés dans une liste, le lundi 28 septembre dernier par le ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports. L'interprète est loin d'être la seule à avoir critiqué cette liste.
Nouamane Lahlou a lui aussi réagi au contenu de cette liste, et a même décidé de ne pas encaisser la subvention de 160.000 dirhams qui lui a été accordée, et de la reverser entièrement au Fonds Covid-19.
«Par solidarité et par respect envers les sensibilités de mes amis artistes, j’ai décidé de ne pas empocher cette aide. Je demanderais au ministère de la Culture de la transférer au Fonds Covid», écrit le chanteur et compositeur, sur Facebook.
Alors que cette polémique prend de l’ampleur, et le ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, Othman El Ferdaous, a voulu apporter ses éclaircissements, par une réaction publiée ce jeudi 1er octobre, sur Facebook, son réseau social de prédilection.
Le ministre y défend la teneur de cette liste, et souligne que «le cahier des charges, publié en juin 2020, a clairement explicité deux priorités de sélections pour les trois commissions (théâtre, musique, arts plastiques)».
Quels sont les critères sur lesquels se sont basées ces trois commissions pour sélectionner les œuvres et les artistes bénéficiaires?
A ce propos, Othman El Ferdaous précise qu’un intérêt particulier a été en premier lieu accordé aux projets auxquels participent un nombre important de détenteurs de cartes d’artistes, qui ne sont pas fonctionnaires, avec, en moyenne, une dizaine de bénéficiaires pour chaque projet musical ou théâtral.
Autre critère avancé par le ministre: celui d’accorder un intérêt particulier aux porteurs de projets n’ayant pas bénéficié d'un soutien de l'Etat. «Plus de 80% des 459 porteurs de projets retenus en 2020 n'avaient pas bénéficié d'un soutien en 2019», rappelle Othman El Ferdaous.
Le ministre rappelle également que ces subventions accordées entrent dans le cadre d’une aide exceptionnelle déployée pour aider les artistes à affronter les répercussions de la crise sanitaire du Covid-19.
«Les dispositifs transversaux mis en place grâce au Fonds Covid19 ont certes permis à plus de 3.700 détenteurs de cartes d'artistes (anciennes ou nouvelles) de bénéficier des dispositifs TadamonCovid (Ramed et informel), soit un taux d'acceptation des dossiers de 70%. Mais l'ampleur des dommages portés au secteur artistique par le coronavirus ont conduit le ministère à mobiliser le Fonds National pour l'Action Culturelle pour lancer un appel à projets artistiques (doté de 39 millions de dirhams, Ndlr)», ajoute Othman El Ferdaous.
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Le ministre rappelle en passant (le tableau ci-dessus à l’appui) que le montant des subventions accordées aux artistes a beaucoup évolué, étant passé de 16,7 millions de dirhams en 2014, à 36,7 millions de dirhams en 2020.
Othman El Ferdaous s'est voulu rassurant pour conclure, en annonçant que son département travaillait à la dématérialisation du processus d’appels à projets, afin d'améliorer les modes de communication avec l’ensemble des parties prenantes.
Le ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports déclare in fine que la politique de soutien de l'Etat aux arts est perfectible, et que les appels à projets ne pourront en aucun cas remplacer une généralisation de la couverture sociale pour tous, que le roi Mohammed VI a annoncée dans le discours de la fête du Trône, le 29 juillet dernier.