Entre Mohammed Melehi et les Etats-Unis, il y a une longue histoire d’amour. L’artiste peintre a effectué ses études dans ce pays et y a même enseigné en tant qu’assistant professeur de peinture en année terminale à Minneapolis, dans le Minnesota. C’était il y a déjà plus d'un demi-siècle, dans les années 50. Le peintre marocain en est toujours ému. Aujourd’hui encore, lorsqu’il évoque ce souvenir, il en a les larmes aux yeux. « Tu arrives dans un monde ultra-avancé, ultra-moderne et un monsieur vous dit :"j’ai besoin de vous"…ça bouleverse… », confie celui qui est l'un des pionniers de l’art contemporain au Maroc, dans un documentaire réalisé à l’occasion d’une de ses expositions.
Au demeurant, de tous les peintres modernes marocains, Melehi est celui a failli effectuer sa carrière aux Etats-Unis. Une vraie carrière, sans complexe, aux côtés des grands noms des arts plastiques US... D'ailleurs, la ville de New York n'a pas oublié le passage de Melehi sur les terres américaines. Le musée des arts du Bronx lui a consacré une très importante exposition personnelle en 1984.
C’est donc en territoire connu que Melehi participe demain, mardi 23 octobre à un séminaire international sur la relation entre l’art islamique et l’abstraction d’avant-garde. Il s’agira, pour l'artiste, de souligner les liens et les implications de l’art islamique dans l’art moderne et contemporain au Moyen Orient et en Afrique du Nord. «Le but est d’approfondir et enrichir les connaissances sur l’art dans la région et comprendre également ce qui a justifié la tendance vers l’abstraction au Maroc», explique Mohammed Melehi.
L’artiste peintre sera aux côtés de plusieurs conservateurs de musées et critiques d’art réputés. On retrouve ainsi dans la liste des intervenants: Sultan Suood Al Qassemi, le fondateur et directeur de la fondation Barjeel aux Emirats Arabes Unis, Mohammed Elshahed, conservateur indépendant, spécialiste de l’art et du design contemporain arabe au Albert Museum de Londres, Remi Labrusse, professeur de l’histoire de l’art contemporain à l’Université Paris Nanterre et enfin Clare Davies, conservateur au Metropolitan Museum de New York.
Mohammed Melehi a découvert l'école américaine de la peinture, à Rome. C’était lors d’une exposition de Jackson Pollock, l'un des fondateurs de l'action painting. «Je voyais dans les galeries un art qu’on ne nous enseignait pas à l’Académie. C’est là que j’ai compris que ce qu’on nous apprenait à l’école était une chose et que le monde extérieur de l’art en était une autre», raconte Mohammed Melehi.
Lorsqu’il met les pieds pour la première fois aux Etats-Unis, Mohammed Melehi est immédiatement influencé par la poésie des publicités affichées sur les gratte-ciels à Times Square, à New York. C’est ainsi qu’il comprend la corrélations entre cette célèbre place et le mouvement pictural du Pop art. «S’ils n’y avait pas Times Square, les peintres Pop art n’auraient jamais existé», dit-il.
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En plus de son art, la connaissance et la culture de Mohammed Melehi lui valent une reconnaissance outre-atlantique. Sa voix sage manque d'ailleurs souvent aux débats et aux polémiques qui agitent le milieu des arts plastiques au Maroc...