Fuyant le froid en Europe et le coût de la vie, élevé, des milliers de retraités français ont choisi de poser leurs valises au Maroc.
Attirés par un climat agréable, un cadre de vie séduisant, et un pouvoir d’achat renforcé, ils sont aujourd’hui entre 60.000 et 70.000 à s’être installés dans le Royaume, indique le magazine Challenge dans une analyse dédiée.
Si certains privilégient les grandes métropoles comme Marrakech, Agadir ou Casablanca, d’autres optent pour des destinations plus paisibles, en bord de mer ou en milieu rural.
Ce phénomène, qui ne cesse de s’amplifier, s’explique aussi par l’accueil chaleureux des Marocains, et la proximité culturelle avec la France, héritée d’une histoire commune.
Villas ensoleillées et camping-cars sillonnant les routes du pays témoignent de leur présence, contribuant à l’économie locale et façonnant une nouvelle dynamique sociale.
Au sein de cette communauté, une autre catégorie de retraités se distingue: ceux qui, sans résider à l’année, reviennent chaque hiver pour échapper au froid.
À Casablanca, les camping-cars blancs ne passent pas inaperçus. Depuis près d’une décennie, ces «migrateurs saisonniers» plébiscitent le Royaume, devenu la troisième destination préférée des retraités français dans le monde.
Environ 30.000 d’entre eux y passent l’hiver, séduits par un coût de la vie deux fois inférieur à celui de la France, et une langue largement parlée, facilitant les échanges quotidiens.
«L’un des principaux atouts du Maroc reste sa stabilité et sa sécurité, des critères déterminants pour ces résidents temporaires», souligne Zoubir Bouhoute, expert en politique touristique, cité par Challenge.
Malgré cette attractivité, des défis persistent. Le développement de ce tourisme spécifique se heurte à un manque d’infrastructures adaptées.
Également cité par le magazine, Amal Karioun, président de la Fédération des agences de voyage, regrette la disparition des campings et aires de caravaning, autrefois nombreux au Maroc.
«Ces espaces étaient essentiels pour le tourisme des petits budgets, qu’il soit national ou international. Leur suppression a été une erreur stratégique et, aujourd’hui, nous peinons à recréer une offre adaptée», écrit-on.
Perçue comme une source de devises précieuse, cette mobilité des retraités français ne représente pourtant pas un levier économique pleinement exploité.
La silver économie, qui englobe l’ensemble des services et produits dédiés aux seniors, demeure largement sous-développée au Maroc.
Une étude de la DEPF estime pourtant que son potentiel pourrait atteindre plus de 640 milliards de dirhams d’ici 2050, soit 13% du PIB.
«Aujourd’hui, la silver économie n’est pas une priorité, et les stratégies mises en place ne reflètent pas le véritable pouvoir d’achat des retraités étrangers», affirme Nesrine Roudane, présidente de la commission juridique et fiscale à la CFCIM.
De son côté, l’économiste de la santé Jaafar Heikel insiste sur la nécessité d’améliorer l’offre de soins pour répondre aux attentes de cette population.
«Comparé à la France, le Maroc doit réaliser un saut qualitatif pour garantir une prise en charge sanitaire sécurisée et compétitive», écrit-on encore.
Bienvenue dans l’espace commentaire
Nous souhaitons un espace de débat, d’échange et de dialogue. Afin d'améliorer la qualité des échanges sous nos articles, ainsi que votre expérience de contribution, nous vous invitons à consulter nos règles d’utilisation.
Lire notre charte