Dans une allocution devant le souverain, le wali de BAM a indiqué que dans un environnement international incertain, l’économie nationale a enregistré un taux de croissance de 3 %, impactée en particulier par la lente reprise des secteurs non agricoles, soulignant toutefois que le taux de chômage a reculé à 9,8 %, tout en restant élevé parmi les jeunes, notamment citadins.
Au niveau des équilibres macroéconomiques, il a précisé que la consolidation budgétaire a connu un certain ralentissement, le déficit s’étant accentué à 3,7 % du PIB. En parallèle, le déficit du compte courant s’est aggravé à 5,5 % du PIB, malgré la poursuite d’une performance notable des exportations, a ajouté Jouahri.
En outre, les afflux d’investissements directs étrangers ont atteint 47,4 milliards de dirhams et les réserves internationales nettes se sont établies à un niveau équivalent à un peu plus de 5 mois d’importations de biens et services, a poursuivi le wali de BAM, notant que dans ce contexte, l’inflation a affiché une accélération à 1,9 %, tirée en grande partie par le renchérissement des produits alimentaires à prix volatils.
Au regard de ces évolutions, a indiqué Jouahri, Bank Al-Maghrib a maintenu l’orientation accommodante de sa politique monétaire, ce qui s’est traduit par une baisse des taux débiteurs qui a bénéficié notamment aux entreprises.
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La Banque centrale a également poursuivi le renforcement du cadre réglementaire du secteur bancaire, tout en accompagnant ce dernier pour assurer sa conformité aux normes internationales, notamment celles relatives à la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, et pour permettre un financement adéquat de l’économie, a-t-il assuré.
Par ailleurs, Jouahri a souligné que Bank Al-Maghrib et le ministère de l’Économie et des Finances ont achevé, dans le cadre d’une démarche participative, l’élaboration de la stratégie nationale de l’inclusion financière, qui vise la résorption du déficit et la réduction des inégalités dans ce domaine.
L’année a été marquée également par le lancement du processus de flexibilisation graduelle du régime de change qui a pour principal objectif de renforcer la résilience de l’économie nationale face aux chocs externes et de soutenir sa compétitivité. La première année de mise en œuvre de cette réforme, a précisé Jouahri, s’est déroulée dans de bonnes conditions.
Le wali de BAM a relevé que ces évolutions qui ont marqué l’année 2018 laissent suggérer que la performance de l’économie nationale reste insuffisante pour répondre aux attentes sociales croissantes. À cet effet, la remise du Maroc sur un sentier de croissance plus élevé, tel que celui enregistré lors de la première décennie de ce siècle, requiert la poursuite des réformes avec toutefois une plus grande exigence en termes d’efficacité et de rendement et une meilleure prise en compte des mutations de l’environnement international, a estimé Jouahri.
Ainsi, au regard des défis auxquels fait face le tissu productif national, pâtissant des vulnérabilités structurelles et affaibli par la concurrence du secteur informel, Jouahri a appelé à ce que la politique publique inscrive parmi ses priorités la création d’un environnement propice au développement de l’entreprise marocaine et au renforcement de sa compétitivité.
Pour cela, il est impératif, selon Jouahri, d’accélérer la mise en œuvre de la réforme du système de l’éducation et de la formation, qui a souffert des calculs politiques, à un moment où les exigences du marché du travail sont de plus en plus élevées en relation en particulier avec les implications de la révolution digitale.
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Au niveau des finances publiques, le wali de BAM a indiqué que le ralentissement temporaire de la consolidation budgétaire peut paraître, pour certains, un choix approprié dans un contexte de décélération de la croissance et de besoins sociaux pressants. Toutefois, il a précisé qu’il ne faudrait pas que cela occulte le niveau élevé de l’endettement public, qui appelle à une vigilance accrue.
Sur un autre volet, Jouahri a ajouté que la refonte en cours de la politique sociale, axée sur le ciblage des ménages, paraît une démarche prometteuse, dont la finalisation à temps requiert une mobilisation continue, ce qui faciliterait par ailleurs la réforme de la compensation et permettrait de dégager une marge de manœuvre pour l’investissement économique et social.
Il a également rappelé, dans ce cadre, qu’il est urgent de faire aboutir le chantier de la réforme de la retraite pour assurer la pérennité de l’ensemble des régimes.
Le wali de BAM a souligné qu’en dépit de ces défis, le Maroc continue, sous la conduite éclairée du roi , de jouir d’un statut privilégié au niveau régional et international.
Pour préserver ce statut et le fructifier au bénéfice de la croissance et de l’emploi, un véritable sursaut de toutes les forces vives du pays est impératif. Celles-ci sont appelées à dépasser les considérations étroites d’ordre personnel et partisan pour se mobiliser au service des intérêts du pays et des citoyens, a conclu Jouahri.
Le wali de Bank Al-Maghrib a, à cette occasion, remis au souverain le rapport annuel de la Banque centrale sur la situation économique, monétaire et financière au titre de l’exercice 2018.