Son nom a été cité par l’ensemble des victimes qui ont déposé jusqu’ici des plaintes pour escroquerie contre les dirigeants du groupe immobilier Bab Darna. Tous les réservataires affirment avoir été induits en erreur par la présence «physique» du notaire, Me Mohammed Mawhoub, dans toutes les transactions menées par les responsables de Bab Darna.
Totalisant environ 400 millions de dirhams, les avances des clients ont certes été versées au nom des sociétés immobilières du groupe Bab Darna, mais la responsabilité du notaire paraît évidente quand on sait que les contrats de réservation ont été déposés au rang des minutes de son cabinet.
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Interrogé par la police judiciaire, le notaire a tenté de rejeter la responsabilité sur le président du groupe Bab Darna, Mohammed El Ouardi, arguant du fait qu’il n’a rédigé aucun contrat ou compromis de vente, niant même avoir accueilli dans son cabinet la remise des chèques encaissés par les sociétés immobilières de Bab Darna.
Le notaire aurait induit les réservataires en erreur en leur assurant que les terrains devant abriter les projets de Bab Darna seraient tous assainis et que les programmes immobiliers lancés à Casablanca, Dar Bouazza, Boskoura, Deroua, Mohammedia, seraient tous sûrs et sains à 100%.
Me Mawhoub rejette fermement ces accusations. Pour lui, «c’est Bab Darna qui n’a pas respecté ses engagements».
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Lors de sa garde à vue, Me Mawhoub a été interrogé sur les doublons: une villa semi-finie dans le projet Majorelle Garden a été enregistrée au nom de trois réservataires distincts.
Il a eu également à répondre aux accusations d’une plaignante qui, sept ans après avoir acheté un logement social à 250.000 dirhams auprès de Rasmal Invest, une filiale de Bab Darna, affirme n’avoir encore pas reçu le certificat de propriété (à l’instar de la majorité écrasante des acquéreurs de ce projet).
Le notaire lui aurait tardivement signifié que cet appartement relevant du projet Luisiana Garden (situé à Beni Yekhlef, près de Mohammedia) ne peut être enregistré et conservé en son nom. Et pour cause, le groupe Bab Darna n’ayant pas honoré ses engagements vis-à-vis de la banque qui a financé le projet, celle-ci a fini par faire valoir son hypothèque de premier rang.
Réagissant à ce cas précis, le notaire a souligné que sa relation d’affaires avec le promoteur El Ouardi est toute récente et que le projet Luisiana Garden remonte quant à lui à 2012. Cela dit, il reconnaît avoir été sollicité il y a deux ans afin d’entamer les démarches pour obtenir la main levée.
D’après Me Mawhoub, un accord aurait été conclu avec la banque créancière en vertu duquel Bab Darna s’engage à payer 150.000 dirhams pour chaque appartement en contrepartie de la main levée. Cet accord serait en cours de concrétisation, a-t-il précisé.
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A rappeler que le notaire a comparu, le samedi 7 décembre dernier, devant le procureur du roi près le tribunal correctionnel de Ain Sebaa. Ce dernier a décidé de confier son dossier à un juge d’instruction pour approfondir l’enquête. Aux dernières nouvelles, vendredi 13 décembre, le juge d’instrcution a rejeté la demande de remise en liberté provisoire déposée par l’avocat du notaire.
Environ douze projets immobiliers «fictifs», tous standings confondus, ont été commercialisés par le groupe «Bab Darna» ces deux dernières années. El Ouardi et ses multiples sociétés immobilières ne détiennent aucun des terrains sur lesquels devaient être bâtis ces projets, laissant ainsi sur le carreau plus de 1.200 réservataires.
Des projections estiment le montant des avances non restituées par le groupe «Bab Darna» à plus de 400 millions de dirhams.