Agrumes: le rendement chute de moitié, les professionnels s’expliquent

La campagne d'exportation des agrumes en Russie est pratiquement terminée, les opérateurs marocains broient du noir.

Un oranger.. Pixabay

Les producteurs d’agrumes s’attendent à une régression de la production de ce groupe de fruits dont la récolte se poursuit toujours au Maroc. Cette baisse, due à différents facteurs, n’est pas sans conséquence sur le prix. Eléments d’explication avec des professionnels.

Le 19/03/2023 à 11h03

La production nationale d’agrumes est en baisse dans plusieurs régions du Royaume. Cette régression peut aller jusqu’à 50% par rapport à la saison précédente, indique Abdellah Jrid, président de l’Association des producteurs d’agrumes au Maroc (ASPAM) que Le360 a interrogé. D’ailleurs, la restriction de l’irrigation motivée par une pluviométrie des plus faibles est l’une des principales raisons de cette chute du rendement de la filière.

Un autre élément pourrait aussi expliquer cette chute de la production: la flambée des prix des coûts des intrants. Jrid explique: «Prenons l’exemple de l’azote. C’est un nutriment indispensable à la fertilisation des agrumes qui a vu son prix passer de 3 à 18 dirhams le kilogramme. Un prix qui n’est pas du tout abordable pour les agriculteurs».

Même son de cloche du côté de Hassan Zouhri, directeur général de la Fédération interprofessionnelle marocaine des agrumes (Maroc-Citrus). Ce dernier indique que le rendement des agrumes, a vu son volume passer de 22.000 à 15.000 tonnes à l’hectare comparativement à la saison 2021-2022.

«Pour la campagne agricole en cours, le rendement des agrumes a baissé jusqu’à 8.000 tonnes à l’hectare dans certaines régions. Alors qu’en temps ordinaire, le rendement peut atteindre 40.000 tonnes à l’hectare», détaille-t-il.

Autre précision: «A cause du dérèglement climatique, la superficie cultivée en agrumes a diminué d’environ 30.000 hectares. Habituellement, la culture de ce groupe de fruits s’étale sur 130.000 hectares répartis entre les différentes régions du Royaume», poursuit Zouhri.

Selon le ministère de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, la production nationale des agrumes, toutes espèces confondues pendant la campagne 2021-2022 a atteint 2,67 millions de tonnes.

Cette baisse de la production a bien entendu des répercussions sur les exportations. Le président de l’ASPAM prévoit un recul des exportations par rapport à la saison précédente. «Cette année, les exportations ne pourront pas dépasser les 400.000 tonnes», estime-t-il, notant que les exportations d’agrumes ont atteint un volume de 766.500 tonnes durant la saison précédente.

Qu’en est-il des prix ?

Le recul de la production des agrumes semble déjà avoir un impact sur les prix. Pour preuve, les agrumes voient leur prix augmenter, chez les producteurs, comme chez les détaillants.

À titre d’exemple, la clémentine qui se vendait l’année dernière aux alentours de 1,5 à 2 dirhams le kilogramme est actuellement cédée entre 3 et 4 dirhams le kilogramme à la ferme selon la qualité, indiquent des sources interrogées par Le360.

Un autre problème relevé par Jrid, et qui est à l’origine de la flambée des prix: la multiplicité des intermédiaires dans la chaîne de commercialisation des produits agrumicoles. «Chez le détaillant, le prix de la clémentine grimpe à 8 ou 9 dirhams le kilogramme», indique-t-il.

Par Ihssane El Zaar
Le 19/03/2023 à 11h03