La hausse des impayés et l’allongement des délais de paiements consécutif à une conjoncture économique atone, particulièrement pour certains secteurs d’activité exposés aux environnements économiques nationaux et internationaux difficiles, impactent sur le niveau des créances en souffrance du secteur bancaire. Selon les données de Bank Al-Maghrib, à fin juillet 2015, celles-ci ont progressé de 10 % par rapport à leur niveau de juillet 2014 pour ressortir à 55,52 milliards de dirhams. Les sociétés non financières privées pèsent 55,78 % de ces créances, soit 30,97 milliards de dirhams, le reste étant le fait des ménages.
Bien qu'encore élevé, comparativement au rythme de progression de l’encours des crédits bancaires à l’économie sur la période (+2,3 %), il n’en demeure pas moins qu’on est actuellement sur un ralentissement notable de l’évolution des créances en souffrance. D’ailleurs, depuis le début de l’année en cours, celles-ci n’ont évolué que de 5,8 % (+3,03 milliards de dirhams).
Taux de créances en souffrances de 7,1 %Derrière ce ralentissement de la croissance des créances en souffrance, il y a bien évidemment la faible évolution de l’encours des crédits bancaires à l’économie qui n’ont progressé que de 2,3 % depuis juillet 2014 et seulement 0,9 % depuis début 2015. Si les banquiers expliquent la quasi stagnation des crédits depuis le début de l’année par la faiblesse des demandes de crédits émanant des clients, particuliers et entreprises, ces derniers pointent du doigt le durcissement des conditions de crédits par les banques. Au fait, c’est la conjonction des deux facteurs qui expliquent grandement ce ralentissement des crédits. En manque de visibilité, les entreprises font de moins en moins appel aux banques pour financer leurs programmes d’investissements. D’ailleurs depuis le début de l’année 2015, l’encours des crédits d’équipement s’est contracté de 2 % à 142,88 milliards de dirhams. Idem pour les ménages comme le montre l’évolution de l’encours des crédits immobiliers octroyés aux particuliers en hausse de seulement 3,2 % depuis décembre 2014. A côté, les banques, face à la hausse des impayés, sont devenues plus sélectives en matière d’octroi de crédits et ont durci les conditions d’accès au crédit à certains acteurs économiques. C’est le cas notamment des promoteurs immobiliers qui n’ont plus vraiment la cote auprès des banquiers. L’encours des crédits accordés à cette clientèle a reculé de 4,6 % depuis décembre 2014.
Dans ces conditions, le taux de créances en souffrance du secteur bancaire poursuit son trend haussier. Il s’est établi à 7,1 % à fin juillet contre 6,9 % à fin 2014. Un niveau qui n’est pas encore alarmant, mais qui renseigne tout de même sur la montée des impayés et qui va certainement impacter sur les résultats financiers des banques du fait des efforts en matière de provisionnement que celles-ci seront appelées à faire.