Les projets de transformation du cannabis à usage médical et cosmétique s’accélèrent au Maroc. La première usine du genre, située dans la région de Bab Berred, dans la province de Chefchaouen, sortira bientôt de terre. Une initiative de la Coopérative Bio Cannat, qui en fait l’annonce sur sa page Facebook, photos à l’appui.
Selon l’institution, cette première unité d’exploitation du cannabis, à des fins d’industries alimentaires et pharmaceutiques au niveau national, sera construite en partenariat avec les membres de la Coopérative Bio Cannat et des partenaires publics et privés. Bio Cannat se spécialisera dans la transformation du cannabis et l’extraction de cannabidiol (CBD), cannabigérol (CBG), cannabinol, etc., qui entrent dans de nombreuses industries alimentaires, industrielles, médicales et semi-médicales.
«Il y aura des expériences agricoles avec certains agriculteurs de la région de Chefchaouen engagés dans des coopératives agricoles, pour leur fournir des matières premières après avoir fourni des semences dédiées à cet effet», précise la coopérative.
Lire aussi : Cannabis thérapeutique: habilité, le labo Pharma 5 s'apprête à lancer les essais cliniques pour de futurs médicaments
Cette annonce est une avancée majeure dans l’ambitieux projet du Maroc de bâtir une véritable industrie du cannabis légal. Un vaste programme dont les premiers jalons ont été posés en 2021 avec l’adoption de la loi n°13-21 sur les usages licites du cannabis, entrée en vigueur en juillet 2022.
Coup d’accélérateur depuis octobre dernier
La création de l’Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis (ANRAC), dans la foulée, a donné un coup d’accélérateur au processus, avec l’annonce des dix premières licences de production en octobre 2022, dont justement l’une octroyée à Bio Cannat.
Pour rappel, les autorisations ne sont délivrées qu’aux demandeurs de nationalité marocaine, et résidant dans l’un des douars des provinces de Chefchaouen, Taounate et Al Hoceima, conformément aux cahiers de charges définis par l’organisme.
L’agence aurait même octroyé 50 nouveaux permis à 20 acteurs du secteur, dont deux coopératives chargées de la transformation du produit, de sa commercialisation et de l’exportation, ainsi qu’à 18 opérateurs pour la vente de plants, le transport et la commercialisation des produits dérivés.
Pour alléger les procédures aux demandeurs d’autorisations, l’ANRAC a lancé fin janvier 2023 sa plateforme web anrac.gov.ma où il est possible d’effectuer les démarches sans se déplacer. Un portail qui permettra aussi d’accélérer le traitement des dossiers et donc de gagner du temps.
Lire aussi : Usages légaux du cannabis: entrée en vigueur du décret définissant les trois zones de culture autorisées
Une course contre la montre qui vaut son pesant d’or, puisque la multiplication des usines de transformation permettra au Maroc de tirer profit d’un marché mondial du cannabis légal en forte croissance, qui devrait atteindre les 114 milliards de dollars en 2028, contre 8,1 milliards de dollars en 2018.
L’Europe, principal marché cible du Royaume, affiche une croissance annuelle de 60%, contre une croissance moyenne de 30% sur le marché mondial. Elle devrait même titiller la barre des 58 milliards d’euros en 2028, loin des 563,7 millions d’euros réalisés en 2018.
L’Allemagne, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, l’Espagne, la France ou encore l’Italie constituent d’importantes niches d’opportunités pour l’or vert marocain.