Carburants: en raison des tensions en mer Rouge, les prix à la pompe devraient bientôt augmenter

Pistolet de distribution de carburants dans une station-service. (Photo d'illustration)

La crise actuelle en mer Rouge, qui a contraint de grandes compagnies pétrolières à emprunter un trajet alternatif de plus de 6.000 km pour échapper aux attaques des Houthis, a entraîné une hausse des prix du pétrole sur le marché mondial. Le Maroc ne sera pas épargné par cette inflation, avec une très probable augmentation des prix à la pompe dans les prochains jours. Explications.

Le 06/02/2024 à 09h10

Le marché mondial du pétrole subit de plein fouet les effets des tensions actuelles en mer Rouge. À l’instar de plusieurs armateurs, de grandes compagnies pétrolières comme le Britannique British Petroleum (depuis la mi-décembre 2023) et l’Anglo-néerlandais Shell (depuis le 16 janvier) ont suspendu leur passage par le détroit de Bab al-Mandeb, point de passage obligé vers le Canal de Suez, pour éviter les attaques des Houthis dans cette zone où transitent près de 12% des échanges mondiaux de pétrole par voie maritime.

Selon le fournisseur de données maritimes AXSMarine, le nombre de pétroliers dans le Canal de Suez a chuté de plus de 50% au cours de la semaine du 15 janvier dernier par rapport à la semaine précédente. Le trajet alternatif passe désormais par un détour de 6.500 km par le cap de Bonne-Éspérance, au large de l’Afrique du Sud, rallongeant le voyage entre l’Asie et l’Europe de 7 à 14 jours, et augmentant par conséquent les coûts logistiques et les délais de livraison.

Résultat : les prix du pétrole ont grimpé pour dépasser la barre des 80 dollars le baril. Dans une note, Fitch Ratings indique que «le risque géopolitique accru, y compris les récentes perturbations du transport maritime, maintiendra à la hausse le prix du pétrole».

Une hausse de 40 centimes par litre sur le diesel et l’essence

Le Maroc, dont une bonne partie des importations de pétrole provient du Moyen-Orient, ne sera pas épargné par cette inflation, avec une probable hausse des prix des carburants dans les prochains jours. «Il est inéluctable que le Maroc, importateur net de carburants, subira cette hausse de prix. Une augmentation théorique de 40 centimes par litre sur le diesel et l’essence est à prévoir durant la première quinzaine du mois de février. Et il faut s’attendre à d’autres augmentations si les conflits au Moyen-Orient persistent», révèle Mostafa Labrak, directeur général d’Energysium Consulting, dans une déclaration pour Le360.

D’après notre interlocuteur, les prix des produits pétroliers sont très sensibles aux crises géopolitiques et celle qui se déroule actuellement en mer Rouge est assez inquiétante. «Malgré les frappes américaines, les Houthis continuent de narguer les flottes américaines et britanniques», souligne-t-il.

Pas d’impact sur les approvisionnements en produits pétroliers

Selon les données de S&P Global, la route du canal de Suez représente 14,8% des importations totales en produits pétroliers de l’Europe et de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA). Mais pour l’expert en énergie, ce contournement n’aura pas un impact significatif sur les approvisionnements en produits pétroliers du Maroc, «car les sources d’approvisionnement classiques sont issues du marché européen, notamment de l’Espagne, de l’Italie, du Portugal, des Pays-Bas et parfois des États-Unis, et rarement de l’Inde».

Par Elimane Sembène
Le 06/02/2024 à 09h10