Carburants: pourquoi les prix devraient baisser durant les prochaines semaines

Pompe à pétrole en état de marche à Signal Hill, dans le comté de Los Angeles, en Californie, le 17 février 2022, où les prix de l'essence ont atteint un niveau record. Le pétrole a été découvert pour la première fois à Signal Hill en 1921.

Pompe à pétrole en état de marche à Signal Hill, dans le comté de Los Angeles, en Californie, le 17 février 2022, où les prix de l'essence ont atteint un niveau record. Le pétrole a été découvert pour la première fois à Signal Hill en 1921. . FREDERIC J. BROWN / AFP

Si l’annonce de la baisse de production des pays exportateurs de pétrole a provoqué une hausse des prix à la pompe lundi 17 octobre 2022, les spécialistes anticipent une baisse des tarifs durant les prochaines semaines. Le point sur les perspectives d’évolution du marché des carburants avec Francis Perrin, chercheur associé au PCNS.

Le 19/10/2022 à 07h58

Le prix des carburants à la pompe a repris un trend haussier, lundi 17 octobre 2022, suite à l’envolée des cours du pétrole sur le marché international, après l’annonce de la baisse de production de l'OPEP+. Le tarif du diesel a ainsi augmenté de près de 1,60 dirham dépassant celui de l’essence, qui a augmenté d’environ 70 centimes.

En effet, les 23 pays exportateurs de pétrole, membres de l’OPEP+, ont convenu, mercredi 5 octobre, d'une baisse de deux millions de barils par jour pour le mois de novembre, après avoir déjà réduit la production de 100.000 barils par jour durant le mois d’octobre.

Suite à cette annonce, les cours du pétrole sur le marché international ont augmenté. Le baril de Brent de la mer du Nord s’est échangé à 98,54 dollars le vendredi 7 octobre (85,56 dollars le 1er octobre) et le baril du West Texas Intermediate (WTI) à 93,27 dollars (79,74 dollars le 1er octobre). 

L’OPEP+ avait augmenté plusieurs fois sa production depuis 2021 avant de décider d’une baisse en octobre. Un changement de cap qui s’explique par des raisons économiques alors que le spectre d’une récession plane sur l’économie mondiale, explique, contacté par Le360, Francis Perrin, chercheur spécialiste des problématiques énergétiques auprès du Policy Center for the New South (PCNS). 

«L'OPEP+ observe avec inquiétude le ralentissement économique mondial et envisage un risque de récession, même si ce n'est pas une certitude. Dans ce contexte, il serait imprudent de mettre plus de pétrole sur le marché, car cela augmenterait la probabilité d'une forte chute des prix du pétrole dans les prochains mois ou en 2023», souligne-t-il. 

Et d’ajouter: «L'OPEP+ a donc décidé d'être proactive et de commencer dès à présent à réduire l'offre pétrolière mondiale. Il ne s'agit donc pas d'une décision politique visant à agacer les Etats-Unis et à faire plaisir à la Russie, qui fait partie de l'OPEP+. Cette réduction de production dérange visiblement Washington et satisfait Moscou, mais il s'agit là des conséquences de cette décision et non de ses motivations».

Une légère baisse attendue La tendance haussière des prix des carburants au Maroc devrait néanmoins s’inverser durant les prochaines semaines à l’image de la courbe des cours du pétrole sur le marché international, en baisse depuis quelques jours. 

«Au cours de la semaine du 10 octobre, les prix du pétrole ont à nouveau baissé sur les marchés mondiaux (-6% à -7% pour le Brent produit en mer du Nord et pour le West Texas Intermediate), car les opérateurs sur ces marchés redoutent, eux aussi, une prochaine récession économique», souligne Francis Perrin.

Pour cet expert en énergie, l'augmentation des cours du brut a été de courte durée, celle des prix des carburants à la pompe devrait l’être aussi si les opérateurs marocains s’activent à répercuter la baisse des cours au même niveau que leur hausse. Le baril de Brent de la mer du Nord s’est échangé à 90,45 dollars ce mardi 18 octobre et le baril du West Texas Intermediate (WTI) à 84,44 dollars.

«Si les stations-service répercutent ces évolutions, les prix des carburants devraient légèrement baisser prochainement dans le monde, y compris au Maroc. Cette dernière hypothèse suppose évidemment que les marchés pétroliers nationaux fonctionnent correctement en termes concurrentiels», souligne-t-il.

Par Safae Hadri
Le 19/10/2022 à 07h58