Les pionniers des affaires ont imposé leur marque au Maroc, mais rares sont ceux qui ont franchi les frontières. «Ils n’osaient pas. Ils pensaient ne pas en être capables», analyse Zakaria Fahim, expert en transmission d’entreprises familiales.
C’est à la génération actuelle qu’on doit le tournant international.
Formés en Europe, connectés à des réseaux globaux, «ils ont osé et ça marche», écrit-on dans une analyse dédiée publiée par le magazine Jeune Afrique.
L’Afrique subsaharienne d’abord, les marchés matures ensuite.
«Cette nouvelle génération a gagné en confiance, atteint une taille critique, et appris à lever des fonds pour conquérir l’international», explique Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie, cité par le magazine panafricain.
S’il faut un modèle de réussite à l’international, c’est HPS que l’on cite.
Né dans le quartier populaire de Derb Fokara à Casablanca, Mohamed Horani a cofondé Hightech Payment Systems en 1995.
Trente ans plus tard, la PME marocaine est devenue une multinationale, fournisseur de solutions monétiques pour 500 banques dans 96 pays. Parmi elles: HSBC, Crédit Agricole ou encore DBS.
Son secret? L’innovation. «Nous réinvestissons entre 14% et 16% de notre chiffre d’affaires en R&D», souligne Mohamed Horani.
HPS se distingue aussi par la diversité de son conseil d’administration, avec six administrateurs indépendants sur dix.
En 2024, le groupe affiche 1,25 milliard de dirhams de revenus, dont 65% hors d’Afrique.
Et l’expansion continue, avec des implantations récentes en Inde, au Canada et en Australie.
Le distributeur Label’Vie, dirigé par Zouhair Bennani, a lui aussi «mis un pied dans l’Hexagone», écrit-on encore.
Le groupe a repris la gestion de six hypermarchés Carrefour à Paris, Grenoble et Marseille.
Présent dans 33 villes marocaines et en Côte d’Ivoire, Label’Vie adapte son approche aux habitudes locales.
Une adaptation qui paie. Les filiales ivoirienne et française génèrent déjà 50% des revenus du groupe, dont le chiffre d’affaires a atteint 16,4 milliards de dirhams en 2024.
Adil Douiri, patron de Mutandis, a fait un choix audacieux: viser les États-Unis, loin de l’Afrique ou d’une Europe qu’il juge «molle».
En 2021, il rachète pour 406 millions de dirhams Season, leader américain de la sardine haut de gamme.
«Le marché américain est immense, dynamique, et beaucoup plus rémunérateur que l’Afrique», affirme-t-il.
Mutandis détient 25% du marché US de la sardine, et même 50% sur le segment premium. Une partie des usines marocaines du groupe est désormais entièrement dédiée à l’export vers les États-Unis.
«Idéalement, il faudrait exporter toutes nos sardines là-bas. C’est là que la marge, les devises et la valeur ajoutée sont les plus fortes», conclut Adil Douiri.
Autre trajectoire, écrit Jeune Afrique, celle de Dislog. Créé dans un studio casablancais en 2004, le groupe est devenu un poids lourd de la distribution en Europe.
Son point d’orgue: le rachat, en 2024, de l’Espagnol Chef Sam, présent dans neuf pays européens.
Dislog réalise aujourd’hui 20% de son chiffre d’affaires européen, soit 660 millions de dirhams sur les 3,3 milliards engrangés en 2023.
Qu’il s’agisse de tech, d’agroalimentaire ou de distribution, un mouvement se dessine: les champions marocains, portés par une nouvelle génération de dirigeants, n’hésitent plus à jouer dans la cour des grands.
Bienvenue dans l’espace commentaire
Nous souhaitons un espace de débat, d’échange et de dialogue. Afin d'améliorer la qualité des échanges sous nos articles, ainsi que votre expérience de contribution, nous vous invitons à consulter nos règles d’utilisation.
Lire notre charte