La Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) a réuni son conseil d’administration ce matin du jeudi 24 septembre en mode visioconférence. Le360 avait été le premier à révéler la semaine dernière l’ordre du jour de ce conseil, comprenant notamment la réinstallation de la commission Afrique, une instance créée lors du mandat de Miriem Bensalah avant qu’elle ne soit remplacée par la commission internationale, au lendemain de l’élection de Chakib Alj en janvier dernier.
Jusqu’à hier, mercredi 23 septembre, comme indiqué dans un précédent article, Mohamed Laâziz Kadir, était le seul candidat pressenti au poste de président de la commission Afrique (dont il a déjà été président entre 2018 et 2020). En sa qualité de président de LK Invest, une société d’investissement et de conseil, Kadiri a accompagné de grands groupes et collaboré avec plusieurs chefs d’Etat africains, dont l'ex-président de l'île de Madagascar, Hery Rajaonarimampianina et l’actuel président du Sénégal, Macky Sall.
Depuis, les choses ont changé. Certains médias ont déterré une déclaration de Laâziz Kadiri au sujet de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zleca), accordée à Le360, remontant à juillet 2019, pour y voir un acte contraire aux intérêts de la diplomatie marocaine. Mieux, ils ont puisé dans le compte Twitter de l’intéressé pour y déceler des messages fustigeant la frilosité des banques à octroyer des crédits au début de la pandémie et en déduire une menace pour la présence des banques marocaines en Afrique.
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Ce brouhaha médiatique a-t-il été derrière le retrait de Laâziz Kadiri? Ce dernier affirme en tout cas avoir décliné la proposition de sa nomination en début de semaine pour des raisons «professionnelles». «J’ai décidé de me consacrer à mes propres affaires. J’ai été et je continuerais à être un militant de la CGEM au service de l’entreprise, notamment au sein du Comité Afrique», confie Laâziz Kadiri, contacté par Le360.
Contrairement à ce qui a été rapporté par certains médias, le président de la CGEM dément à son tour avoir cédé à une quelconque pression émanant du GPBM ou du ministère des Affaires étrangères et de la coopération au sujet de la nomination du président de la commission Afrique de la CGEM.
«Je n’ai reçu aucun coup de fil ni de Nasser Bourita ni de Mohammed El Kettani (respectivement ministre des Affaires étrangères et de la coopération et vice-président du GPBM. NDLR). Seul le Conseil d’administration est en mesure d’approuver ou de rejeter une nomination», insiste Chakib Alj. Interrogé sur les raisons à l’origine du retrait de Kadiri, le président de la CGEM coupe court aux rumeurs: «Laâziz Kadiri a été pressenti pour le poste de président de la commission Afrique. Puis, il a décidé de se retirer de son propre chef pour vaquer à ses propres affaires. J’ai discuté avec mes équipes avant de proposer un nouveau nom».
Aux dernières nouvelles, le conseil d’administration réuni ce matin a finalement acté la nomination de Abdou Diop (par ailleurs directeur associé de Mazars) au poste de président de la Commission Afrique, malgré les réticences exprimées par quelques membres qui voient d’un mauvais œil, non pas la nomination du patron de Mazars, mais l’existence même d’une commission dédiée à l’Afrique.
Selon nos informations, Hassan Sentissi, l’un des doyens respectés de la CGEM, a pris la parole ce jeudi matin, lors du Conseil d’administration, pour attirer l’attention sur le risque de voir cette nouvelle commission empiéter sur les prérogatives de l’Association marocaine des exportateurs (Asmex) dont il est président. Sentissi a appelé les membres de la CGEM à concentrer leurs énergies au sein de l’Asmex qui jouit d’une expérience de plus de 40 ans sur le marché africain. Mais cela n’a pas suffi pour changer les intentions de vote des administrateurs de la CGEM.
En effet, l’équipe dirigeante de la CGEM estime que la création de la commission Afrique, loin de soulever un problème de redondance avec l’Asmex, revêt plutôt un caractère complémentaire. Cette commission, explique ce membre du conseil d'administration, renvoie à une représentation plus large, dont le champ d’intervention couvre, au-delà de l’export, tout ce qui relève des partenariats avec les pays africains, l’attraction des IDE, la protection des investissements marocains en Afrique, etc.