A la veille de la clôture de la COP22 à Marrakech, le journaliste a tenté de comprendre les motivations du Maroc dans son choix "vert". Et sans conteste, il écrit; "l'énergie renouvelable prend son envol au Maroc".
L’auteur commence par planter le décor. Il remonte à 2014 et précise que "le pays a ouvert le plus grand parc éolien en Afrique, évalué à 1,4 milliard de dollars, dans le Sud-Ouest près de la ville de Tarfaya. Puis, au début de 2016, il a mis en service la première plus grande centrale solaire au monde, Noor-1, en marge du désert du Sahara. Une fois acheveé en 2018, elle alimentera un million de foyers et fera du Maroc une superpuissance solaire".
Le journaliste rappelle que selon les chiffres de 2013, de la Banque mondiale, le Maroc est tributaire à hauteur de 90% des importations d'énergie. Mais, qu’à l’horizon 2020, le pays compte générer 40% de son énergie à partir des énergies renouvelables.
C'est dans cet esprit, que Marrakech a accueilli le sommet annuel de l’ONU sur le changement climatique, la COP22. "Quelles sont les expectatives?", s’interroge l’auteur de l’article.
La réduction de la facture énergétiqueLe Maroc occupe le 7e rang mondial dans l'Indice de performance des changements climatiques de 2016 et il est le seul pays non européen parmi les 20 premiers.
Il est également l'un des cinq pays à avoir obtenu une cote «suffisante» pour ses efforts visant à maintenir le réchauffement au-dessous de 2°C dans le Climate Action Tracker (aucun pays n'a encore atteint le «modèle», actuellement la meilleure note).
Pour commenter de tels résultats, Saïd Mouline, directeur de l'Agence nationale pour le développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique, explique comment le Maroc a pensé réduire sa facture énergétique. "Le Maroc est un pays très dépendant de l'énergie. En 2009, ce budget s'élevait à 10 milliards de dollars".
Il rappelle également qu’avec l’adoption de la Constitution de 2011, le Maroc y a inclu le développement durable. Et il a cessé de subventionner les combustibles fossiles pour rendre les énergies renouvelables plus compétitives. Le pays a commencé à accueillir les investissements privés dans le secteur de l'énergie propre.
"Cette transition comprend deux voies, et les énergies renouvelables en sont une. L'autre est l'efficacité énergétique, les deux doivent être développés en même temps", a déclaré Saïd Mouline à CNN.
La réduction des déchets est également l’une des actions prises par le pays. L’Office national d’électricité et d’eau potable, l’ONEE, a lancé un programme visant à remplacer les ampoules à incandescence dans les ménages marocains par 10 millions de lampes fluorescentes compactes, beaucoup plus efficaces.
Le Programme des Nations unies pour l'environnement estime qu'en poussant seulement 40% des ménages à utiliser ces lampes fuorescentes compactes, la consommation d'électricité diminuerait de 20%. Ce qui réduirait de 2,74 millions de tonnes d'émissions de CO2 d'ici la fin de 2021.
Autres exemples: 15.000 mosquées fonctionnent en énergie renouvelable. En juillet dernier, la production, la vente et l'utilisation de sacs en plastique sont prohibées. "Une économie de 3,5 milliards de dollars", souligne à ce sujet Saïd Mouline, qui est également membre du Comité directeur de la COP22.
Il affirme par ailleurs que "l'efficacité énergétique est le moyen le moins coûteux pour les pays de réaliser leurs objectifs en vertu de l'accord de Paris".
"Le gouvernement a fixé des objectifs ambitieux: 52% de notre capacité énergétique doit provenir des énergies renouvelables d'ici à 2030, et à la même date, nous devons atteindre 20% d'efficacité énergétique dans tous les secteurs: transport, logement, agriculture", ajoute-t-il.
"Cela signifie que si notre consommation d'énergie double d'ici 2030, nous voulons consommer 20% de moins que cela. Nous voulons arrêter de gaspiller de l'énergie", a-t-il dit.
Et le pays pourrait fonctionner entièrement sur l'énergie verte d'ici 2050, selon une étude de l'Université de Stanford sur la feuille de route de l'énergie de 139 pays. Cela contribuerait environ 3,5 milliards de dollars à l'économie et créer plus de 88.000 emplois permanents, prédit la même étude.
Un exemple pour l'Afrique
L’auteur revient ensuite sur la portée africaine de l’organisation de la COP22 à Marrakech. "La COP22 a permis de promouvoir l'énergie solaire en Afrique, les efforts du Maroc ont été pris comme exemple en la manière pour l'Afrique subsaharienne. Cette dernière peut capitaliser sur les taux d'irradiation les plus élevés du monde, même si l'énergie solaire ne représente que 0,5% la zone".
La COP22 a mis en lumière les efforts de la Banque mondiale et de la Société financière internationale pour amasser 16 milliards de dollars pour des projets d'énergie solaire, hydroélectrique et géothermique sur l'ensemble du continent.
Selon Saïd Mouline, cette transition sera inévitable: "Nous sommes en train de changer, partout dans le monde ... L'année dernière, nous avons plus investi dans les énergies propres que dans les énergies fossiles et ce, pour la première fois".
Il donne l’exemple du parc éolien marocain de Tarfaya, qui produit 850 MW et qui a créé une nouvelle industrie dans le pays, puisque 70% des pièces de rechange pour les turbines sont fabriquées localement.
"Faire de l'électricité n'est qu'une partie d'une stratégie plus vaste", ne manque t-il pas d’ajouter.
Sécurité de l'eauEn tant que pays composé de 78% de zones désertiques ou sèches, le Maroc est confronté à des défis particuliers dans la lutte contre le changement climatique.
"Lors du Sommet de la Terre de Rio en 1992, le Maroc a été l'un des premiers pays à ratifier l'accord sur la biodiversité, la désertification et le changement climatique", a déclaré Abdelâdim Lhafi, Haut Commissaire pour l'eau, les forêts et la lutte contre la désertification au Maroc.
"Avant 1992 et à partir des années 1960, il y avait des politiques fortes sur l'eau, et le Maroc a maintenant environ 140 barrages avec un stockage total de 18 milliards de m3 (635 milliards de pieds cubes), ce qui est crucial pour un pays qui est sévèrement touché par les sécheresses.
"En raison de l'augmentation de la demande, des changements démographiques et du tourisme, certaines régions du pays connaissent maintenant une pénurie d'eau. Mais nous avons beaucoup progressé dans l'utilisation de l'eau, en particulier dans l'agriculture, qui absorbe 85% de notre offre", précise t-il.
"Nous sommes à la recherche de nouvelles technologies pour nos 1,2 million d'hectares de terres irriguées, afin de préserver notre sécurité alimentaireé, a déclaré Abdelâdim Lhafi. «Nous avons fait beaucoup, mais nous avons encore beaucoup à faire dans les années à venir, conclut-il.