À l’issue de l’assemblée générale élective de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), tenue le 16 mai à Casablanca, Chakib Alj et Mehdi Tazi ont été réélus respectivement président et vice-président général de la Confédération patronale. Ce deuxième mandat devrait permettre au binôme de défendre, durant les trois prochaines années, les intérêts du secteur privé et d’espérer aboutir à un bon nombre de réformes.
Et s’il y a un dossier qui tient particulièrement à cœur au patronat, c’est bien celui de la réforme du Code du travail, avec en priorité la promulgation de la loi sur l’exercice du droit de grève. Une condition sine qua non pour les patrons afin d’accepter une nouvelle hausse des salaires dans le cadre du dialogue social.
«Nous avons déjà fait preuve de bonne foi et nous avons accepté à deux reprises une augmentation des salaires de 5%, mais rien n’a été fait de l’autre côté. Il faut revoir aujourd’hui le Code du travail et le droit de grève pour pouvoir aller de l’avant», a souligné Chakib Alj lors de la présentation de son programme pour les trois prochaines années.
Droit de la grève: un projet de loi avant fin mai
Interrogé par Le360, le président de la Commission sociale au sein de la CGEM, Hicham Zouanat, a souligné que le gouvernement, ayant déjà reçu les propositions des syndicats et des patrons, devrait présenter une copie du projet de loi sur le droit de grève avant la fin du mois de mai. L’échéance pour la réforme du Code du travail a été fixée, quant à elle, à juillet 2023.
«Nous avons été invités par le chef de gouvernement à recevoir une copie (du projet de loi sur le droit de la grève, NDLR) durant ce mois. Nous l’attendons toujours, mais c’est la première plateforme sur laquelle on aura un dialogue tout en sachant que le deadline pour sortir cette loi est dépassé; c’était en janvier 2023», a-t-il précisé.
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Toujours sur le volet social, un troisième dossier, et pas des moindres, devrait être ouvert durant les prochains mois: la réforme des régimes de retraite pour faire face au déficit des caisses de prévoyance sociale qui ne cesse de se creuser.
Les études menées par l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS) en 2020 ont conclu que les principaux régimes de retraite au Maroc arriveront à épuisement durant les prochaines années. Les projections de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) montrent, quant à elles, que son régime enregistrerait son premier déficit global dès 2027 et que l’épuisement de ses réserves est prévu en 2040.
Poursuivre la réforme fiscale
Les patrons aspirent toujours à une meilleure équité fiscale. Après avoir entamé le chantier de réforme de l’impôt sur le revenu (IR), le gouvernement est appelé désormais à s’attaquer à la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). «Nous devons défendre aujourd’hui une meilleure fiscalité, des réformes qui vont donner à tous les Marocains un sentiment d’équité fiscale pour avoir l’adhésion de l’écosystème dans sa globalité si on veut réussir notre développement économique», a souligné pour Le360 Bouthayna Iraqui Houssaini, présidente de la CGEM Rabat-Salé-Kénitra.
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Selon elle, le gouvernement devrait également se pencher sur la fiscalité locale, avec comme priorité la refonte de la taxe professionnelle. «Moins de 1% des entreprises profitent aujourd’hui de la taxe professionnelle, il y a une insatisfaction profonde et il est important de résoudre ce problème le plus tôt possible», a-t-elle précisé.
Adapter l’offre de formation
Dans un monde en profonde mutation et où le digital est venu bousculer les pratiques et les métiers, le secteur privé est plus que jamais appelé à s’adapter pour répondre aux nouveaux besoins des clients et faire face à la concurrence internationale.
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«L’intelligence artificielle est une véritable révolution, tous les métiers seront impactés. Si nous ne sommes pas capables de nous adapter, nous allons être dépassés et nous ne pourrons plus attirer des investisseurs au Maroc», a souligné, de son côté, Rédouane El Haloui, président de la Fédération marocaine des technologies de l’information, des télécommunications et de l’offshoring (APEBI).
Ce dernier a ajouté: «Nous militons depuis des années pour mettre en place un référentiel de compétences qui permettra de travailler de manière agile avec l’ensemble des acteurs de la formation pour répondre aux besoins du secteur du digital pour faire des nouvelles technologies un atout compétitif pour le Maroc».