Difficile d’admettre que le couscous marocain, dont la fabrication est soumise à des règles d’hygiène très strictes, soit «contaminé par les mycotoxines». Non seulement cette «révélation» est pour le moins choquante, mais elle porte un coup dur à un produit qui a valeur de symbole chez nous. Il s'agit d'une composante du patrimoine national, symbole de générosité, de partage et de savoir-vivre marocain.
A première vue, l’étude, menée en Espagne par des chercheurs de l’Université de Valencia, en collaboration avec des chercheurs marocains de l’Université Chouaïb Doukkali d’El Jadida, ne pouvait être que biaisée.
D’abord, du fait de s’attaquer uniquement aux mycotoxines, ces champignons dits d’origine naturelle, alors que d’autres composants chimiques, comme les sulfites par exemple, sont fortement présents dans les produits de conserves espagnols qui envahissent le marché marocain.
Ensuite, la méthodologie utilisée et la formulation des résultats de ladite recherche cachent plusieurs zones d’ombres qui interrogent et interpellent sur l’objectif et le timing d’une telle démarche.
Le fait de prendre des lots bien définis dans des souks où les conditions de stockage et de transport laissent à désirer, pour les soumettre à l’analyse microbiologique, ne pouvait que conduire, bien entendu, aux résultats que l’on voudrait bien obtenir. A savoir, la présence de champignons dont la consommation en grande quantité et de manière récurrente pourrait, et c’est à vérifier, avoir des effets négatifs sur la santé des consommateurs.
Au Maroc, cette mission de contrôle de la salubrité des produits alimentaire est confiée à l’ONSSA. D’ailleurs, l'Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires vient d’affirmer, en réaction à l’article publié par un quotidien économique casablancais, que «ses services n'ont jamais relevé, durant leurs activités, des cas d’intoxication par le couscous».
L’ONSSA a précisé que "le développement de ces champignons (moisissures) dans les produits alimentaires est favorisé par les mauvaises conditions de stockage et de présentation à la vente (vrac, emballage défectueux, humidité, manque d’hygiène, etc...)".
De plus, au niveau des unités industrielles, dont la réputation en matière de conformité aux meilleurs standards internationaux d’hygiène et de certification des processus de fabrication ne pourrait être mise en doute, le couscous produit est soumis à toute une chaîne de contrôle physiologique et microbiologique avant d'être mis sur le marché.
Grâce à cette qualité, le couscous marocain est vendu dans 45 pays du monde, y compris le Japon, l’Amérique du Nord, la Grande-Bretagne… Des pays où le contrôle à l’entrée est des plus rigoureux!
C’est dire les limites d’une telle étude, menée sous les auspices d’un «ministère de la Compétitivité» ayant maille à partir avec la concurrence venant surtout du Maroc. Encore que ces recherches n’apportent rien de réellement «novateur et innovant» en matière de microbiologie!
Les sulfites, ce vrai problèmeAu Maroc, comme partout dans le monde, les consommateurs ont un vrai problème avec les sulfites, fortement présents dans les produits alimentaires de conserve qui nous viennent directement et en grandes quantités d’Espagne et d’autres contrées.
Il faut préciser que la soi-disant étude n’a pas porté sur des produits sortis directement d’usine. Et les chercheurs en question n’ont pas cherché à contacter pour concertation les professionnels marocains. D’où notre forte conviction que quelque chose n’allait pas. Il est donc clair que l’étude n’a qu’un seul but: nuire à la réputation du couscous marocain!
Les professionnels marocains, interrogés par nos soins, se disent «choqués» par une telle analyse. «Nous ne connaissons pas les visées réelles» des chercheurs, à moins qu’«ils ne cherchent à froisser l’image du Maroc». Il paraît, selon nos sources, qu’une «bourse d’études a été octroyée pour planter cet arbre qui cache la forêt». Tous les moyens sont donc bons pour mener la guerre économique!
Notre interlocuteur, un industriel du secteur et de premier plan, tient à rappeler que le couscous marocain est sain et qu’une grande partie de la production exportée rapporte au pays l’équivalent de 40 millions d’euros.
Nous apprenons, par ailleurs, que les professionnels marocains vont se réunir cet après-midi pour évaluer l’impact d’une telle dérive de «recherche» et étudier les moyens adéquats de riposte.