Jamais les résultats des sociétés cotées à la Bourse de Casablanca n’auront autant subi les foudres de l'administration du fisc. Une dizaine d’entre elles ont en effet fait l’objet d’un redressement fiscal, ou d'un contrôle dont le montant du redressement n’est pas encore notifié, ce qui a logiquement impacté leurs performances financières.
Plusieurs critiques ont été adressées à la Direction des impôts, accusée par certains de renforcer la pression fiscale sur les opérateurs économiques à travers la multiplication des contrôles sur les mêmes contribuables.
Notons qu’en 2016, les droits recouvrés en matière de contrôle fiscal sur la place ont rapporté au fisc 6,2 milliards de DH, soit une progression de 42% par rapport à 2015. Quant au nombre de contribuables soumis à vérifications, il s’est apprécié de plus de 50% par rapport à 2015, selon les données de la DGI.
Bien entendu, les sociétés cotées ont également dû payer le prix de cette agressivité du fisc. C’est d’abord le cas de Saham Assurance qui a été redressée à hauteur de 130 millions de DH, une charge fiscale exceptionnelle qui a fait baisser le bénéfice de la compagnie d’assurance de plus de 17%.
BMCI a vécu la même situation avec un résultat en baisse de 14% après la constitution d’une provision pour risque fiscal suite au contrôle subi courant 2016.
Autre société financière à connaître ce sort, Eqdom a également vu ses bénéfices chuter de plus de 6% après une charge fiscale exceptionnelle dépassant les 100 millions de DH.
Pour sa part, Lydec a dû verser aux impôts plus de 120 millions de DH pour régler le contentieux fiscal, ce qui a naturellement tiré vers le bas son résultat qui s’est réduit de moitié entre 2015 et 2016.
Marsa Maroc, la toute dernière société à rejoindre la Bourse, a également été contrôlée par le fisc et attend aujourd’hui le verdict. Après avoir surpris le marché par des réalisations en forte hausse, l’opérateur portuaire devrait voir ses résultats 2017 impactés par le redressement qui suivra le contrôle fiscal.
Le distributeur automobile Auto Hall n'y a pas échappé non plus. Le groupe a en effet vu son résultat net consolidé baisser de 13% à cause principalement d'un redressement fiscal suite à l’accord avec l’administration des impôts au sujet d'une vérification fiscale.
Taqa Morocco s’en est pour sa part mieux sorti. N’ayant certes pas encore été notifiée du montant du redressement consécutif au contrôle fiscal subi en 2016, la société a constitué une provision que le top management estime nettement supérieure au montant du redressement éventuel. Malgré cela, ses bénéfices sont ressortis en hausse à fin décembre dernier.
Par ailleurs, BMCE Bank of Africa, dont l’annonce d’un redressement fiscal de plus de 900 millions de DH, avait défrayé la chronique en début d’année, a refusé de préciser ce qu’il en était réellement. Cependant, les comptes du groupe bancaire affichent bien une hausse importante des charges fiscales, mais cela n’a pas eu d’impact sur ses performances qui ont franchi des records en 2016.