Le président de l’Association marocaine des industries du textile et de l’habillement (AMITH) a été placé en isolement, en milieu de semaine, après s'être plaint de difficultés respiratoires et d’un état fébrile. Testé positif au Covid-19, Mohammed Boubouh a souhaité dans un premier temps s’isoler chez lui. Malgré l’intervention de certains membres du gouvernement, les autorités ont fait preuve de fermeté et ont exigé qu’il soit hébergé dans le Grand Mogador Tanger, un palace 5 étoiles, propriété de la famille Chaabi.
L’hospitalisation de Mohammed Boubouh intervient alors qu’il fait face à de sévères critiques pour sa gestion de la crise. La visite, jeudi dernier, d’une commission de contrôle des mesures de prévention anti-Covid-19, dans son usine Aswane Confection, située dans la zone industrielle Aouama, s’est soldée par la «découverte» d’un stock de plus de 6 millions de masques en tissu lavables. Entre stocks clandestins, délit d’initié sur une future ouverture de l’export de masques, etc., chacun y va de son pronostic. Le dossier est actuellement entre les mains du wali de la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima.
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Contacté par Le360, une source au ministère de l’Industrie a rejeté en bloc ces accusations, expliquant que l’écoulement des masques en tissu lavable se fait à un rythme très lent en comparaison des masques en tissu non tissé (subventionnés). 73 entreprises et coopératives ont été à ce jour certifiées pour produire des masques en tissu tissé, alors que l’export est soumis à licence et seuls les masques fabriqués à partir de tissus importés (Admission temporaire) sont autorisés à quitter le territoire national, ce qui a entraîné une surproduction, ajoute notre interlocuteur. Face à cette situation, le ministère de l’Industrie a dû se substituer aux commerciaux des unités industrielles pour les aider à écouler leurs stocks. Depuis quelques jours, les masques en tissu réutilisables sont disponibles dans certaines grandes surfaces de distribution.
Elu en juin 2019 à la tête de l’AMITH, Mohammed Boubouh est lauréat de l’Ecole nationale supérieure d’ingénieurs Sud-Alsace. Il a entamé sa carrière dans le conseil, avant de faire ses premières armes dans le secteur du textile au Maroc au sein de deux des plus grandes unités industrielles de Tanger.
Quelques années plus tard, il fonde son propre groupe, Vita, qui compte aujourd’hui 9 unités industrielles, basées à Tanger et à Casablanca, et qui emploient plus de 3.000 salariés.
Collaborant avec des marques de renom (Zara, Naf Naf, etc.), ces neuf unités opèrent sur plusieurs maillons de la chaîne de valeur textile, de la plateforme de design et de créativité à l’impression digitale, et la confection en sous-traitance, cotraitance et produit fini.