Après un choc récessif sans précédent en 2020, et même si le Maroc entre dans une phase de ralentissement de la pandémie, la relance économique reste fragile et hétérogène: «l’incertitude règne encore et les entreprises ont plusieurs défis urgents à relever», confie une interlocuteur de la CGEM, dans une déclaration pour Le360, à l'issue de la réunion d'hier.
Plusieurs entreprises font face à des tensions de trésorerie, sous l’effet d’une crise économique qui se prolonge, accentuée par l’arrivée à échéance des crédits de trésorerie garantis par l’Etat en ce début d’année, en plus d'un allongement des délais de paiement, ajoute cet interlocuteur.
Il faut ajouter à cela la flambée des cours des matières premières, essentiellement des intrants stratégiques comme le blé (passé de 195 euros/tonne en janvier 2021, à 280 euros/tonne en janvier 2022, avant d’atteindre 395 euros/tonne le 7 mars 2022), le pétrole, le charbon ou encore les huiles végétales. Sans compter les ruptures d’approvisionnement observées pour des matériaux comme le papier ou le carton, et l’inflation spéculative qui accompagne cette situation.
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Cette conjoncture difficile intervient dans le contexte d’une demande mondiale réactivée, d'une souveraineté industrielle de plus en plus pratiquée par plusieurs pays, ainsi que d’une logistique internationale totalement déséquilibrée.
«La situation en Europe de l’Est ne fait qu’accélérer cette tendance haussière pour le coûts des matières premières (le Maroc importe 27% de blé d’Ukraine et 30% d’ammoniac de Russie), et impose des difficultés à nos exportateurs sur les marchés russes, notamment pour le rapatriement des devises», explique la même source.
Autre défi à relever, la sécheresse observée au Maroc, avec des précipitations estimées à 13% seulement de la moyenne annuelle sur la même période et des niveaux de remplissage des barrages sous la barre du tiers de leur capacité, ce qui compromet la campagne agricole 2021-2022 et pose un sérieux risque d’exode rural, comme celui qui a pu être vécu dans les années 80.
Enfin, la consommation reste entravée par un ensemble de restrictions dans les voyages et un manque de clarté sur les conditions d’activité pour les opérateurs, surtout dans les secteurs du tourisme, de la restauration, de l’évènementiel ou de la culture.
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C’est dans ce contexte qu'une réunion s'est tenue hier, jeudi 10 mars à Rabat, en présence du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération africaine, Nasser Bourita, de la ministre de l’Economie et des finances, Nadia Fettah Alaoui, et des présidents de la CGEM et du GPBM.
L’objectif en a été de proposer des solutions urgentes aux opérateurs économiques pour faire face à la conjoncture actuelle.
Deux mesures phares ont été annoncées à l’issue de cette réunion. D’une part, le relèvement des plafonds de garantie en ce qui concerne l’offre classique «Tamwilcom», afin d’augmenter le potentiel d’offre de crédits de trésorerie et, d’autres part, le rééchelonnement des crédits «Oxygène et relance» pour une durée pouvant atteindre trois ans.
«D’autres mesures seront prises en fonction de l’évolution de la situation», a précisé le ministère des Finances dans un communiqué sanctionnant les travaux de cette réunion, tout en insistant sur le maintien de «ce cadre de concertation qui bénéficiera de l’appui du ministère des Affaires étrangères de la coopération africaine».