Cryptomonnaies: quel modèle pour le Maroc?

Cryptomonnaies. (Photo d'illustration)

Selon la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah, «les cryptomonnaies pourraient jouer un rôle clé dans l’élargissement de l’accès aux services financiers».. DR

Revue de presseLa future réglementation devrait largement s’inspirer des modèles existants, avec la mise en place de licences pour les entités proposant des services liés aux cryptomonnaies, sous des conditions strictes. Cet article est une revue de presse tirée de Finances News.

Le 16/12/2024 à 21h03

S’exprimant lors de l’Africa Financial Summit (AFIS) 2024 à Casablanca, la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah, a marqué un tournant significatif dans le discours officiel, jusqu’ici caractérisé par une approche prudente. Selon elle, les cryptomonnaies pourraient jouer un rôle clé dans l’élargissement de l’accès aux services financiers. «Ces outils, malgré leurs risques, peuvent constituer des leviers pour renforcer l’inclusion financière, notamment dans les zones rurales où l’offre bancaire reste limitée», a-t-elle déclaré, citée par le magazine Finances News Hebdo.

Cette ambition se concrétise à travers un projet de loi visant à encadrer les cryptoactifs, actuellement en cours d’adoption. «Ce texte, élaboré en collaboration avec la Banque mondiale et d’autres partenaires nationaux, cherche à concilier la protection des utilisateurs et l’encouragement à l’innovation», peut-on lire. Parallèlement, Bank Al-Maghrib poursuit ses travaux sur les monnaies digitales des banques centrales (MDBC).

Bien que les cryptomonnaies soient officiellement interdites au Maroc depuis 2017, l’intérêt des citoyens reste fort. Selon le rapport Geography of Cryptocurrency 2023 de Chainalysis, le Maroc se classe au 20ᵉ rang mondial pour l’adoption des cryptomonnaies, en recul par rapport à sa 14ᵉ place précédente, mais cette performance demeure notable compte tenu des contraintes légales. Par ailleurs, le Royaume enregistre la plus forte valeur de transactions cryptographiques dans la région MENA, dépassant des pays comme l’Algérie et l’Égypte.

«Si l’adoption des cryptoactifs est bien amorcée, le défi réside dans la mise en place d’une régulation équilibrée. Il s’agit non seulement de protéger les utilisateurs, mais aussi de garantir une intégration harmonieuse avec les systèmes financiers traditionnels», souligne encore Finances News Hebdo.

Le magazine cite également Badr Bellaj, expert en cryptomonnaies et blockchain. Selon lui, la future réglementation devrait s’inspirer des cadres existants, notamment en établissant des licences pour les prestataires de services liés aux cryptomonnaies, assorties de conditions rigoureuses. Par exemple, la France, avec la loi Pacte adoptée en 2019, a été l’un des premiers pays à définir la notion «d’actif numérique» et à réguler des aspects essentiels de l’écosystème blockchain et des actifs numériques. La stratégie marocaine semble suivre une orientation claire: intégrer les cryptomonnaies dans l’économie tout en les contrôlant.

«Contrairement à d’autres pays où la régulation reste floue ou inadéquate, le Maroc ambitionne de poser les bases d’un modèle propre, alliant innovation et sécurité. Le véritable défi pour le Royaume sera d’articuler cette ambition avec les attentes des investisseurs et les évolutions rapides d’un marché hautement spéculatif», nuance le magazine.

Et si, dans quelques années, le Maroc devenait une référence régionale en matière de cryptomonnaies? Une question qui relevait encore récemment de la spéculation, mais qui, aujourd’hui, laisse place à un réel espoir.

Par Lamia Elouali
Le 16/12/2024 à 21h03