Qu’il s’agisse de réduire les coûts de production, de répondre aux enjeux climatiques ou de se positionner à l’export, la décarbonation est devenue un impératif pour le développement de l’industrie nationale, a indiqué, jeudi à Casablanca, le ministre de l’Industrie et du commerce, Ryad Mezzour.
«La décarbonation n’est pas seulement un enjeu humaniste du Maroc. C’est le résultat d’une vision qui permet à notre pays de prendre ses responsabilités par rapport au développement durable et aussi de renforcer sa compétitivité et de créer des emplois», a-t-il souligné.
Taxe carbone aux frontières de l’Europe: un atout compétitif
Pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, le Parlement européen et les Etats membres de l’Union européenne (UE) ont annoncé en décembre 2022 l’adoption d’un mécanisme visant à appliquer des «droits à polluer» aux importations européennes. Communément appelée taxe carbone, cette mesure concerne les secteurs jugés les plus polluants, notamment ceux de l’acier, de l’aluminium, du ciment, des engrais, de l’électricité, mais aussi de l’hydrogène.
Une période test commencera dès octobre de cette année, durant laquelle les entreprises importatrices devront simplement rapporter leurs obligations, pour une entrée en vigueur effective et graduelle à partir de 2026.
Pour le ministre de l’Industrie, il s’agit là d’une opportunité à saisir pour les exportateurs marocains afin d’éliminer la concurrence d’un bon nombre d’opérateurs à l’échelle internationale. «Le Maroc est en mesure de produire de manière complètement décarbonée. Le plan d’investissement d’OCP va lui ouvrir de nouveaux marchés et cela va permettre d’éliminer quelques concurrents qui sont un peu plus polluants», a-t-il déclaré.
Lire aussi : Décarbonation: l’urgence d’un plan d’action complet
Cette vision est partagée par le directeur général de l’Agence marocaine pour l’efficacité énergétique (AMEE), Said Mouline, pour qui la décarbonation de l’industrie est importante pour des raisons à la fois économiques et écologiques. «Réduire les émissions de gaz à effet de serre, c’est réduire la consommation des énergies et donc réduire la facture énergétique. En plus, 65% de nos exportations vont vers l’Europe, il est donc indispensable pour nos industriels de se décarboniser pour être encore plus compétitif», a-t-il noté.
Un accompagnement sur mesure
Si l’argent est le nerf de la guerre, Ryad Mezzour se veut rassurant et optimiste. Interrogé sur la capacité des industriels marocains à engager leur décarbonation pour répondre aux défis à venir, le ministre de l’Industrie a indiqué que tous les paramètres sont réunis pour permettre à ces opérateurs de prendre le virage de la décarbonation, qu’il s’agisse d’un accompagnement technique ou financier.
Lire aussi : Décarbonation et gestion de l’eau: le groupe OCP améliore ses notations à l’échelle internationale
Il a cité, dans ce sens, l’offre d’accompagnement de Maroc PME à travers son programme «Tatwir croissance verte», qui finance jusqu’à 90% l’étude technique des projets de décarbonation et accorde une prime d’investissement de 30% pour le financement de ces projets.
«La plateforme industrielle marocaine bénéficie aujourd’hui des atouts du Maroc en tant que pays qui peut produire des énergies renouvelables au plus bas coût au monde et en tant que pays qui est en train d’assurer sa souveraineté énergétique à travers de gros projets d’investissement dans les énergies renouvelables et l’hydrogène vert», a précisé le ministre de l’Industrie.