Des fruits et légumes en grandes quantités dans les marchés et à des prix abordables: la situation est explicable, car, selon Rachid Benali, président de la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (COMADER), la baisse des prix actuellement constatée résulte d’un certain nombre de facteurs, qu’explique Le Matin du Sahara et du Maghreb de ce jeudi 1er février 2024.
Il y a en premier lieu les conditions climatiques, qui favorisent un mûrissement précoce de certaines cultures, comme celle des tomates. Autre facteur, l’arrêt des exportations vers d’autres pays d’Afrique, après la décision de la Mauritanie d’imposer des mesures de restrictions douanières sur les marchandises en provenance du Maroc.
Les marchandises qui devaient se rendre dans des marchés plus au sud du continent se sont donc retrouvées à être redirigées vers les marchés du Maroc. À cette situation, s’ajoutent aussi des perturbations dans certains marchés européens, actuellement traversés par des mouvements de protestation menés par les agriculteurs. Une situation qui enjoint de nombreux producteurs marocains à réduire de moitié leurs expéditions de fruits et légumes vers ces marchés.
Jusqu’à quand pourra durer cette baisse? Selon Le Matin du Sahara et du Maghreb, «pour Rachid Benali, l’effet observé actuellement sur les prix est temporaire et va s’estomper dans les deux mois qui viennent», car les volumes de tomates excédentaires actuellement écoulés sur les marchés à des prix plus bas, résultent d’un mûrissement précoce des cultures, mais aussi de mesures de soutien que l’État avait instaurées afin d’amortir le coût des intrants, dont les semences et les engrais azotés.
Mais ces effets conjugués ne devraient pas durer, car la phase de stress hydrique que traverse le pays s’intensifie. «Une fois que les volumes de tomates offerts actuellement sur les marchés seront épuisés, les prix vont remonter à des niveaux pratiquement comparables à ceux de 2022», indique le quotidien.
Interrogé par Le Matin du Sahara et du Maghreb, Lahoucine Aderdour, président de la Fédération interprofessionnelle marocaine de la production et de l’exportation des fruits et légumes (FIFEL), dénonce «les prix exorbitants des fruits et légumes», et souligne qu’«on ne se demande jamais quel est le réel prix de revient de ces produits».
«La rareté des ressources hydriques dans le Souss nous coûte très cher aujourd’hui. Pour pouvoir effectuer un forage de 200 à 300 mètres pour pomper de l’eau, il faut mobiliser des montants conséquents. Ce qui alourdit les coûts de production. Ajoutez à cela le prix des intrants et faites vos calculs», a-t-il expliqué au quotidien.
La FIFEL travaille actuellement sur un projet en cours: une carte des produits, qui détaillera pour chaque famille de fruits ou légumes ses prix de revient. Une fiche qui pourra permettre de partager avec le grand public les véritables coûts de revient de chaque produit.
Selon Rachid Benali, le président de la COMADER, l’agriculture au Maroc, comme dans d’autres pays du pourtour méditerranéen, fait aujourd’hui les frais du changement climatique. En temps normal, c’est-à-dire avec des pluies régulières, de saison et localisées, la dotation pour l’Agriculture dans les barrages était de l’ordre de 4,5 milliards de mètres cubes.
«Aujourd’hui, celle-ci ressort à peine à 500 millions de mètres cubes, soit pratiquement le neuvième de notre dotation. Avec ce niveau, on ne peut espérer irriguer de grandes surfaces agricoles», a-t-il ajouté.