Les Marocains se sont réveillés aujourd’hui mercredi 15 juin sur une nouvelle hausse à la pompe des prix des carburants. Le prix du litre d’essence, à Casablanca, a atteint jusqu’à 17,78 dirhams, contre 15,63 pour celui du diesel. En cause, une hausse continue à l’international des tarifs des énergies. L’impact sur le pouvoir d’achat des citoyens, mais aussi sur le budget de l’Etat, risque d’être lourd.
Cité par le quotidien Les Inspirations Eco, Mostafa Labrak, directeur général expert en énergie et carburants, confirme cet état de fait. Et ce en sachant que le Maroc importe toute son énergie de l’extérieur, le pays n’étant pas producteur. Le risque est celui d’une aggravation de l’inflation, avec des répercussions graves sur le pouvoir d’achat, sur la stabilité sociale, sur les comportements économiques, d’achat et d’investissement. Pour Labrak, l’un des rares recours qui s'offre à l’Etat est de réduire ses dépenses sur certains volets pour pallier les hausses annoncées.
«Des restrictions et coupes budgétaires vont certainement être opérées afin de parer au plus urgent. Et, bien que le gouvernement clame haut et fort qu’il ne révisera pas la loi de Finances (L.F) et continuera à mettre en œuvre son application, des perturbations sur les budgets d’investissements, par exemple, ou des retours aux subventions peuvent être initiées et donc grever la bonne marche de la loi des Finances. La paix sociale est très importante aux yeux des gouvernements», affirme l’expert. Début juin, le gouvernement a décidé de recourir à une ouverture de crédits supplémentaires de 16 milliards de dirhams pour couvrir les charges de compensation.
Les pressions sur les réserves de change posent également problème. Les importations marocaines se font exclusivement en dollar, et ce dernier ne cesse de monter comparé à l’euro et au dirham. L’expert constate également que, depuis le déclenchement de la hausse des prix des carburants à l’international, les banques ont du mal à trouver suffisamment de devises dans leurs salles de marchés «puisque, pour le même volume, on doit débourser plus de dollars, et ce depuis le début de l’année. Ce qui déséquilibre notre réserve de change, poussant au passage des banques à une réévaluation de leur premium».
La dégradation du déficit commercial, la hausse de la facture énergétique et des prix des biens à l’import présagent donc le pire en termes de réserves de change au Maroc. Pour l’heure, il n’y a pas de crainte particulière. Les réserves de change s’élèvent à 328 milliards de dirhams, couvrant plus de 6 mois d’importations de biens et services. Mais est-ce tenable, le déficit des échanges de marchandises, déjà établi à 91 milliards de dirhams au cours des quatre premiers mois de l’année, risquant de se creuser?