En commercialisation chez Bim et Carrefour depuis quelques jours au Maroc, ces nouveaux masques de protection à usage non médical portent le nom de Miroglio, celui d'une PME italienne du textile. L’entreprise piémontaise de prêt-à-porter a converti sa production, de l’habillement aux masques de protection. La plupart de ses usines ont été mobilisées pour répondre à la demande croissante des masques en Italie, pays durement touché par l’épidémie de Covid-19, avec plus de 20.000 morts.
Contrairement au tissu «non tissé» des masques 100% marocains, le tissu de la marque italienne subit un traitement anti-goutte spécial à l'usine Miroglio Textile de Govone, l'une des plus grandes imprimeries numériques d'Europe. «70% des emballages sont fabriqués en Italie, grâce aux laboratoires internes Miroglio Fashion et à divers partenaires situés dans les régions du Latium, des Abruzzes et de la Campanie. De plus, l'usine de Miroglio au Maroc, ouverte depuis 1994, a récemment été dédiée à l'emballage de masques. D’où le label -Made in Morocco- qui apparaît sur certaines protections déjà distribuées dans le Piémont», indique le quotidien italien La Stampa.
Fin mars dernier, la firme Miroglio, dont le siège est basé à Alba, a annoncé être en mesure de produire 600.000 masques en deux semaines, soit 6 millions d'utilisations. Car, et c’est là où réside la particularité du produit de la marque italienne, ces masques sont réutilisables cinq fois maximum, après lavage à l’eau courante froide, désinfection et repassage.
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Selon les informations figurant sur l’étiquette du produit mis en vente au Maroc, rédigées en italien, ces masques ont été importés de Miroglio Textile Alba. Sur un bout de tissu, à l’intérieur, le label «Made in Marocco» est inscrit, avec la composition: 90% coton, 3% Elasthane. Côté prix, le masque est proposé à 14 dirhams la pièce chez Bim, même s’il est expressément mentionné que la «la vente au détail de ce produit est interdite».
Selon les médias locaux, jusqu’à fin mars dernier, Miroglio n’avait encore pas reçu la certification de l’Union Européenne (CE) mais avait le feu vert de la région du Piémont pour lancer la production. Au Maroc, nous confie une source sûre, les masques Miroglio sont en cours de certification auprès de l’Institut marocain de normalisation (Imanor). Une fois certifiés, ils seront dotés d’un marquage conforme à la norme marocaine et d’un étiquetage lisible en langue arabe.
Vu l’ampleur de la crise sanitaire en Italie et la pénurie de masques de protection qui en découle, l’on peut s’interroger sur les motivations derrière la commercialisation des masques Miroglio au Maroc, alors que les autorités ne cessent de rassurer sur l’approvisionnement du marché en masques subventionnés par le Fonds spécial anti-Covid-19 et proposés à seulement 80 centimes l’unité. En effet, jusqu’à hier lundi 13 avril, pas moins de 13 millions d’unités ont été distribuées partout au Maroc, a fait savoir le ministre de l’Industrie, Moulay Hafid Elalamy.
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Selon nos informations, les masques produits par l’usine Miroglio, située au parc industriel Oukacha (Casablanca), sont ceux-là mêmes qui ont fait l’objet d’une saisie au port de Tanger Med, début mars dernier. Les services de la douane avaient alors intercepté un camionneur en possession de 100.000 masques de protection qui se dirigeait vers la Grande-Bretagne. Juste après cet incident, le gouvernement a pris la décision de soumettre toute éventuelle exportation de masques à autorisation préalable.
Or, il se trouve que les tissus servant à la confection des masques de Miroglio à Casablanca sont importés d’Italie en Admission temporaire (AT). Ce régime douanier permet à l’exportateur d’importer en suspension des droits et taxes ainsi que de certaines restrictions à l’importation, des marchandises destinées à recevoir une transformation ou un complément de main-d’œuvre en vue de leur réexportation. Les admissions temporaires ne sont pas concernées par les restrictions à l’export. Autrement dit, la firme italienne était ce jour-là en droit de réexporter ses tissus confectionnés dans son usine casablancaise.
Le360 a appris de source proche du dossier qu’un accord tacite a été conclu entre l’industriel italien et les autorités marocaines en vertu duquel Miroglio s’engage à écouler 50% de sa production sur le marché local. Cette solution semble arranger à la fois les affaires de la marque italienne qui peut ainsi reprendre son activité à l’export, mais aussi les intérêts du Maroc qui devrait répondre à la demande de plus en plus croissante en masques de protection contre le coronavirus. Un deal gagnant-gagnant en somme.
La mise sur le marché des masques Miroglio répond aussi à un souci de diversification de l’offre destinée à un usage non médical mais aussi à une volonté de montée en gamme de la production locale. Dans la perspective d’une sortie de confinement, plusieurs industriels ont été approchés par le gouvernement pour étudier la possibilité de fabriquer des masques cette fois-ci à base de tissus tissés. Moulay Hafid Elalamy a du pain sur la planche pour les convaincre de franchir le pas, sachant que les tissus sont devenus une denrée rare en cette période de crise sanitaire.