La progression significative des dissolutions d’entreprises est particulièrement préoccupante, avec une hausse de 18% en 2022 par rapport à l’exercice précédent et de 28% par rapport à 2019, a relevé la directrice exécutive de l’Observatoire marocain de la très petite, petite et moyenne entreprise (OMTPME), Amal Idrissi.
«Cette tendance soulève des interrogations essentielles quant aux dynamiques économiques sous-jacentes, suscitant une attention particulière de la part des décideurs économiques», a indiqué Idrissi dans des propos relayés par le quotidien Le Matin du Sahara et du Maghreb dans son édition du jeudi 25 janvier.
L’analyse bilancielle révèle des fragilités financières au sein des TPME, ce qui conduit à la radiation de nombreuses entreprises avant qu’elles n’atteignent leur maturité, a-t-elle souligné, notant qu’en effet, 50% des radiations concernent des entreprises ayant moins de 5 ans d’existence.
Selon les derniers chiffres de l’OMTPME, la dette financière des entreprises se concentre principalement dans le crédit bancaire, représentant 99,5%, alors que l’encours total des crédits en 2022 s’est élevé à 609,8 milliards de dirhams, enregistrant ainsi une croissance de 8% par rapport à 2021.
En vue de renforcer la croissance des TPME au Maroc, les recommandations de l’OMTPME se focalisent sur deux axes majeurs. Tout d’abord, «une approche axée sur l’exploitation des données, en encourageant les pouvoirs publics, les investisseurs et les entreprises à intégrer pleinement les statistiques, les indicateurs et les analyses fournis par l’Observatoire», a-t-elle fait savoir. Et d’expliquer que le recours à des stratégies «Data Driven», largement adoptées dans les pays développés ou émergents, permettrait de prendre des décisions plus informées et en meilleure adéquation avec la réalité économique de ce segment d’entreprises.
Le deuxième axe serait d’évaluer l’impact des politiques et des programmes, favorisant ainsi un processus d’amélioration continue. Pour ce qui est du rôle de l’écosystème des TPME au Maroc en tant que moteur clé de croissance économique et d’innovation, Idrissi a noté que ces entreprises jouent un rôle vital dans la création d’emplois, la diversification et l’inclusion économique. «Notre rôle est de fournir des outils d’aide à la décision qui permettent aux TPME elles-mêmes de mieux comprendre leur positionnement sur le marché, d’identifier leurs forces et faiblesses, et de prendre des décisions éclairées pour leur développement», a-t-elle fait savoir.
L’analyse de cet écosystème met en évidence une «stabilité» dans la structure du tissu productif des entreprises. Globalement, les TPME contribuent à 26% du chiffre d’affaires et à 35% de la valeur ajoutée, malgré leur prédominance en termes d’effectif, selon la DG de l’Observatoire. Cependant, elle a poursuivi que celles-ci sont confrontées à des défis spécifiques tels que l’accès au financement et un environnement économique marqué par des crises successives.