Eau: le gouvernement Akhannouch épinglé pour des retards dans la réalisation des projets programmés

La station de dessalement d'eau de mer de Jorf Lasfar.

Dans son rapport annuel 2023-2024, la Cour des comptes tance vertement le gouvernement, épinglé pour des retards dans la gestion des projets programmés pour assurer l’approvisionnement en eau potable.

Le 17/12/2024 à 13h48

Le Maroc continue à faire face à des défis majeurs, liés à la pénurie sévère et croissante de ressources en eau, en raison de la succession des années de sécheresse et de l’augmentation de la demande résultant de la croissance démographique. Dans son rapport annuel, l’institution présidée par Zineb El Adaoui a fait état de résultats décevants à l’issue d’une mission thématique portant sur l’état actuel de l’approvisionnement en eau potable et l’évaluation du système y afférent.

Ainsi, la Cour des comptes a constaté un retard dans la réalisation des projets de raccordement des bassins versants, prévus dans la stratégie nationale de l’eau 2009-2030, tel que le projet portant sur le transfert de l’excédent d’eau du bassin du Sebou vers le barrage de Sidi Mohamed Ben Abdallah dans le bassin du Bouregreg, et le raccordement de celui-ci au barrage d’Al-Massira dans le bassin d’Oum Errabia, visant à renforcer et à sécuriser l’approvisionnement en eau potable du grand Marrakech.

De même, les travaux de construction de six barrages accusent un retard par rapport aux prévisions de la stratégie nationale. Il s’agit des barrages de Sidi Abbou dans la province de Taounate (8 ans), Kheng Grou dans la province de Figuig (7 ans), Taghzirt dans la province de Béni Mellal et Boulaouane dans la province de Chichaoua (5 ans), Beni Azimane dans la province de Driouch (4 ans) et Ait Ziat dans la province d’Al Haouz (1 an).

En outre, il est relevé le non-respect du calendrier prévu pour la réalisation du projet relatif à la construction de la station de dessalement à Casablanca, qui devait être lancé en 2010, mais dont l’appel à manifestation d’intérêt n’a été lancé qu’en mars 2022, en plus de la non-réalisation du projet de dessalement à Saïdia, qui devait être lancé en 2015, dont le lancement a finalement été programmé en 2022.

De plus, l’exécution de 78 projets portant sur la production et la distribution d’eau potable, dont le coût global s’élève jusqu’au juillet 2022 à 3,9 milliards de dirhams, connaît des difficultés liées principalement aux conséquences de la pandémie du Covid-19, au renchérissement des prix des matières premières d’une part, et aux dommages ayant affecté ces projets à la suite des travaux de construction de routes et de pistes adjacentes sans que les précautions nécessaires ne soient prises, d’autre part.

Pour remédier à cette situation, la Cour des comptes a recommandé d’accélérer la cadence d’exécution des projets programmés, en particulier les grands projets structurants, tout en assurant la cohérence et la convergence des interventions des différents acteurs, et en activant les mécanismes d’évaluation et de suivi des projets.

La Cour a également recommandé d’établir et de mettre en œuvre les plans de gestion de la pénurie d’eau au niveau des régions et zones concernées, en veillant à donner la priorité à l’approvisionnement de la population en eau potable, et en affectant le reste des réserves disponibles en eau à la mise au point des programmes d’irrigation, en coordination avec le département chargé de l’agriculture.

Par Ayoub Khattabi
Le 17/12/2024 à 13h48