L’effort d’investissement global du secteur public est aujourd’hui estimé à 380 milliards de dirhams (MMDH), dont près de la moitié – 179,7 MMDH – sera assurée par les EEP. Ces derniers confirment leur rôle stratégique dans la transformation économique du royaume, aux côtés du secteur privé.
Selon le cinquième rapport de l’Observatoire des délais de paiement (ODP), publié en juillet 2025, 17.636 entreprises, dont 72 EEP, ont déclaré leurs factures pour un montant total de 57,2 MMDH hors délais. La répartition montre 52 % pour le secteur privé et 48 % pour les EEP, avec 1,5 MMDH d’amendes recouvrées.
Pour les analystes, ces données illustrent les efforts réalisés depuis 2018, où le délai moyen de paiement des EEP atteignait 59,9 jours, contre 34,8 jours en 2024, selon le PLF 2026. Cette amélioration traduit une meilleure discipline financière, bien que les tensions de trésorerie demeurent un frein à la fluidité de l’investissement.
Le rapport de présentation du PLF 2026 publié par le ministère précise que les investissements des EEP seront concentrés sur huit grands établissements publics, afin de maximiser leur impact économique et territorial. Cette orientation s’accompagne d’une nouvelle gouvernance axée sur la performance, la compétitivité et l’intégration des critères ESG (environnement, social et gouvernance).
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Les produits versés par les EEP au budget général (hors privatisations) devraient dépasser 19,52 MMDH en 2026, renforçant leur contribution directe à la soutenabilité budgétaire.
Pour le ministère, la contractualisation État-EEP reste un outil clé de pilotage et de redevabilité. Des contrats-programmes couvrant les périodes 2025-2027 (CMR) et 2026-2028 (Agences de bassin hydraulique) sont en cours de finalisation, dans le cadre d’une politique d’objectifs mesurables.
Le PLF 2026 confirme la montée en puissance des partenariats public-privé (PPP) comme levier de mobilisation du capital privé. Depuis la révision de la loi n° 86-12 par la loi n° 46-18 entrée en vigueur en 2020, le cadre réglementaire des PPP a été assoupli pour lever les contraintes administratives.
La Commission nationale du PPP (CNPPP), présidée par le chef du gouvernement, pilote désormais la stratégie nationale et fixe les seuils d’investissement par secteur.
Plus de 60 projets de PPP, identifiés par une dizaine de ministères et d’EEP, représentent un investissement global de plus de 50 MMDH dans l’eau, l’énergie, le transport, la santé, l’enseignement supérieur et l’agriculture. La Banque africaine de développement (BAD) accompagne cette dynamique à travers une assistance technique et la création d’une plateforme numérique de suivi.
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Au-delà des chiffres, l’État ambitionne de faire des EEP un levier de souveraineté économique et d’équité territoriale. En alignant leur gouvernance sur les standards internationaux et en renforçant la coopération avec le secteur privé, l’État cherche à transformer le modèle public en moteur de croissance durable.
«Les EEP ne sont plus de simples opérateurs budgétaires, mais des acteurs stratégiques au service du développement national», souligne le rapport du ministère de l’Économie et des Finances.












