Si le surendettement de certains ménages et notamment des fonctionnaires est devenu une litote, celui des entreprises s'aggrave et est un indicateur de mauvaise santé révélant qu’elles ne récupèrent pas leurs dus dans les délais, qu’elles ne génèrent plus de trésorerie, et que surtout elles sont prises à la gorge.Le dernier rapport de Bank Al Maghrib sur les crédits bancaires est inquiétant à plus d’un titre. Le quotidien Ennass, dans son édition du 18 novembre, revient sur ledit rapport et indique qu’il y a eu un fort développement des créances en souffrance des ménages et des entreprises, créances qui avoisinent les 75 MMDH. Ce qui pousse d’ailleurs le gendarme du système bancaire à tirer la sonnette d’alarme.
Le grand bond en arrièreAu cours des neuf premiers mois de l’année 2014, les créances douteuses se répartissent comme suit: 52,1 MMDH pour les ménages et 23,1 MMDH pour les entreprises. Au niveau des ménages, cela représente un taux de progression sans précédent de l’ordre de 28%. De manière globale, le bloc des crédits en souffrance équivaut à 8,5% du total des crédits alloués aux particuliers. Ces derniers se composent certes des ménages, mais aussi des auto-entrepreneurs et des MRE. La masse globale des crédits accordés à cette tranche s’élève à 274 MMDH.
7% des crédits aux entreprises sont douteuxEn outre, du côté des personnes morales, les créances douteuses ont augmenté de 11,3 MMDH à fin septembre 2014. Globalement, les créances en souffrance représentent désormais 7% du total des crédits accordés aux sociétés. Entre les seuls mois de janvier et septembre 2014, les créances douteuses ont augmenté de 8,4 MMDH, accusant donc une hausse de 19,2%.Le rapport de la banque centrale souligne que les entreprises frappées de plein fouet par la crise exercent dans le BTP, le transport et l’immobilier. Ces secteurs souffrent, précise le rapport, des retards de paiement des dettes de l’Etat envers eux. Les sociétés financières ne se portent pas mieux. Les créances en souffrance y ont progressé de 40%!Au regard de la crise que traversent certaines sociétés et des ménages en raison de la conjoncture économique, la stabilité et la pérennité des activités bancaires sont sérieusement menacées. A vrai dire, l’Etat, malgré les sempiternelles relances et promesses, continue d’être un mauvais payeur. En agissant de la sorte, il hypothèque l’avenir de centaines de sociétés dont la situation, par ricochet, se répercutera sur des milliers de familles. Peut-être l’Etat devrait-il faire son mea culpa et enfin commencer à payer rubis sur l’ongle au bout des fameux 90 jours.