Le360: Dans votre communiqué diffusé le mardi 12 décembre, vous avez évoqué un investissement de 1,4 milliard de dollars au Maroc. Comment se décline cet investissement?
Eddie Wilson: Un avion vaut à lui seul 100 millions de dollars US. Nous avons une flotte de 14 avions répartis entre nos quatre bases marocaines, soit donc un investissement qui s’élève à 1,4 milliard de dollars. Mais, plus important encore, cet investissement contribue à la création d’emplois et au développement du tourisme au Maroc.
En contrepartie de cet investissement, Ryanair a dû sans doute bénéficier d’une aide accordée par le gouvernement marocain. Pouvez-vous détailler la nature de cette aide?
Le gouvernement veut doubler le nombre de touristes et nous voulons contribuer à cette ambition en amenant les gens vers une grande variété de destinations tout au long de l’année, ce qui injecte de l’argent dans l’économie locale, contrairement aux tour-opérateurs, et ce qui apporte une aide significative aux secteurs de l’emploi et du tourisme.
Le gouvernement marocain a été clairvoyant et a dit: «Nous savons que vous avez passé une commande de 300 appareils et que, depuis que vous avez commencé vos opérations au Maroc en 2006, vous avez tenu votre promesse quant au transport de passagers, ce qui a contribué au développement du tourisme dans les régions du Maroc». C’est donc un partenariat qui fonctionne pour le gouvernement marocain et pour Ryanair, surtout en ce qui concerne le voyage à l’intérieur du pays, qui permet d’accéder à des tarifs avantageux sur des lignes qui n’ont pas été opérées par le passé.
Quelle est la durée du contrat que vous avez signé avec le gouvernement marocain? Lors des négociations, quelles sont les mesures qui vous semblaient prioritaires et sur lesquelles vous avez le plus insisté?
Nous avons un partenariat sur le long terme. Nous avons développé notre présence au Maroc depuis 2006. Avoir 14 avions «bases» est un engagement important pour Ryanair. Et le Maroc est un marché à succès pour nous. Cela fonctionne pour les autorités marocaines, en particulier celles liées au tourisme, concernant le trafic européen. Cela fonctionne aussi pour Ryanair. Le Maroc va continuer d’attirer les gens pour ses plages, son désert, sa culture, et tout cela dans le même fuseau horaire, avec une grande facilité d’accès depuis l’Europe. Je pense que nous construisons cette infrastructure de manière très stable et le gouvernement reconnaît tout cela. C’est pour cela que nous travaillons ensemble.
Pour les lignes domestiques, Ryanair va lancer deux nouvelles liaisons vers Béni Mellal et Errachidia. Pourquoi ce choix?
Tout est possible! Ces aéroports sont importants pour nous. Il y a de nouvelles lignes qui n’ont jamais été opérées avant, et qui représentent donc un nouveau marché. Errachidia est un endroit assez difficile d’accès, ce qui a pu soulever quelques craintes en termes de réussite, mais finalement, ça fonctionne pour nous. Nous essayons ces nouveaux aéroports et nous pensons qu’il est important pour le gouvernement marocain d’étendre notre réseau à travers le Royaume. Comme ça, tout le monde peut avoir accès aux prix bas légendaires de Ryanair!
Ne craignez-vous pas la concurrence de Royal Air Maroc, qui compte elle aussi renforcer son positionnement dans le segment des liaisons domestiques point à point?
Dans une économie aussi vibrante et croissante que celle du Maroc, notre expérience au sein de l’Europe nous a appris qu’il y a des opportunités pour les compagnies nationales, et nous respectons totalement cela. RAM fait un travail remarquable sur son produit long-courrier vers des aéroports majeurs et sur les vols domestiques, au sein de l’Europe comme au sein du Maroc. Pour une économie en croissance, vous essayez de faire croître le marché en permettant à des gens qui ne voyageaient pas forcément de changer leurs habitudes. Les compagnies connues telles que RAM ou Ryanair vont prospérer dans une économie croissante. Je pense qu’il y a plus d’une opportunité au Maroc.
Lire aussi : Aérien: Ryanair prévoit d’opérer des vols internes au Maroc dès l’année prochaine
Ryanair est une compagnie où presque toutes les formalités se font en ligne. Or, les clients se plaignent parfois du service clientèle. Pensez-vous renforcer ce service?
Je pense que c’est un service très simple, un produit très low-cost. Notre but est de garder ce produit aussi simple que possible et de donner à nos clients les fonctionnalités nécessaires pour effectuer les changements qu’ils souhaitent faire. Les Marocains n’ont eu aucun souci pour voyager avec Ryanair, ils comprennent ce que «prix bas» signifie. Ils comprennent notre business model, et c’est pour ça que nous avons du succès au Maroc. Je ne vois rien de différent au Maroc du point de vue du service à la clientèle que nous n’ayons pas connu depuis 2006.
Comment se porte Ryanair depuis la crise sanitaire? Comment se porte son chiffre d’affaires en 2023 et surtout celui réalisé au Maroc?
Nous sommes la compagnie aérienne ayant enregistré la meilleure reprise post-Covid. Nous allons probablement grandir de 10% au cours de l’année qui arrive et de plus de 30% au Maroc, ce qui montre l’importance du Maroc pour nous. Et c’est un marché qui va continuer à grandir. Il y a presque 40 millions de personnes au Maroc, ce marché est très important, puisqu’il y a de la diversité, du tourisme, du tourisme interne, des Marocains résidant à travers l’Europe, en Espagne, en Italie, au Portugal, en Allemagne... qui utilisent nos services. Donc, nous voulons continuer à grandir et faire partie de la vision du gouvernement qui consiste à doubler le nombre de touristes au Maroc. C’est un avenir prometteur.
Le Maroc co-organisera le Mondial 2030 aux côtés de l’Espagne et du Portugal. Que peut apporter Ryanair à cet évènement d’envergure internationale?
Nous espérons que les Lions de l’Atlas vont gagner la coupe! C’est une compétition de 4 semaines, dans 7 ans, mais il est tellement important de planifier cela et de mettre la lumière sur le Maroc. Ryanair étant un partenaire du Maroc, nous n’aurons aucun problème à adapter notre capacité pour permettre aux gens de voyager et assister à cette Coupe du monde. Le Maroc organise pour la première fois une Coupe du monde et nous devons le soutenir.