Feuille de route pour l’emploi: les limites d’un modèle

Chaîne de production de prêt-à-porter, dans une usine de confection, à Casablanca.

Revue de presseDevant un taux de chômage record de 13,3% en 2024, le gouvernement lance une feuille de route de 14 milliards de dirhams pour stimuler l’emploi. Cette stratégie vise à résoudre l’inadéquation entre formation et marché du travail, et à soutenir les petites entreprises et l’agriculture. La réforme structurelle du modèle économique est cependant essentielle pour garantir une croissance durable et une création d’emplois à long terme. Une revue de presse tirée de Finances News Hebdo.

Le 24/02/2025 à 19h39

Face à un taux de chômage record de 13,3% en 2024, un pic inédit depuis les années 1990, le gouvernement met en place une feuille de route ambitieuse pour l’emploi.

Dotée d’un budget exceptionnel de 14 milliards de dirhams, cette stratégie repose sur trois priorités majeures, analyse le magazine Finances News Hebdo: soutenir l’investissement, réformer les programmes d’emploi et dynamiser le marché du travail en milieu rural.

Annoncée lors du dernier Conseil de gouvernement, cette feuille de route vient compléter les initiatives prévues par la Loi de Finances 2025, qui vise à réorienter les ressources publiques vers des secteurs à fort potentiel d’emplois.

Elle s’inscrit dans un contexte économique incertain, marqué par les répercussions de la crise mondiale sur le pouvoir d’achat des ménages et la compétitivité des entreprises marocaines.

La lutte contre le chômage est devenue une priorité absolue du gouvernement, qui cherche à répondre à une crise marquée par une inadéquation croissante entre les formations et les besoins du marché de l’emploi.

Younes Sekkouri, ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, souligne que cette feuille de route vise à redonner un souffle au marché du travail marocain en orientant les ressources publiques vers des secteurs stratégiques.

La situation est particulièrement critique pour les jeunes et en milieu rural, explique Finances News Hebdo.

Le taux de chômage des jeunes âgés de 15 à 24 ans dépasse les 35%, avec des écarts flagrants entre les zones urbaines et rurales.

L’agriculture, gravement affectée par sept années de sécheresse, est l’un des secteurs clés de cette réforme.

En 2023, plus de 200.000 emplois ont été perdus, accentuant la précarité des travailleurs ruraux. Le gouvernement prévoit donc un soutien accru aux petits agriculteurs, afin de stabiliser les emplois existants et stimuler la productivité, avec des subventions ciblées et un accompagnement technique, comme l’explique Hassan Edman, professeur d’économie, cité par l’hebdomadaire.

La réforme de l’ANAPEC est l’autre pilier majeur de cette stratégie. L’agence nationale de promotion de l’emploi élargit désormais son champ d’action pour inclure les travailleurs non qualifiés et favoriser leur insertion professionnelle à travers des formations adaptées aux besoins du marché.

Cette refonte vise à corriger l’un des déséquilibres majeurs du marché de l’emploi marocain: l’écart entre la formation et l’offre d’emplois.

Le soutien aux très petites, petites et moyennes entreprises (TPME), qui représentent 91% de l’emploi formel, fait aussi partie des priorités.

Après la réforme de la Charte de l’investissement en 2023, de nouveaux mécanismes incitatifs sont prévus, notamment des garanties de financement et des avantages fiscaux pour les entreprises créant des emplois durables.

Cependant, bien que cette feuille de route constitue un progrès, elle ne répond que partiellement à la crise de l’emploi, jugée avant tout structurelle, écrit-on.

Selon le HCP, 30% à 40% des chômeurs sont des diplômés de l’enseignement supérieur, ce qui montre une inadéquation persistante entre formation et demande du marché.

En outre, près de 70% de la main-d’œuvre est employée dans le secteur informel, limitant l’impact des mesures gouvernementales.

Selon Hassan Edman, l’un des principaux défis est d’élargir la portée du marché du travail en favorisant une croissance économique soutenue, au-delà des 4% annuels actuels, pour atteindre les 6 à 7% nécessaires à une création d’emplois durable.

Le gouvernement mise sur l’accélération de la régionalisation économique pour relever ces défis.

Si Casablanca, Rabat, Tanger et Marrakech dominent l’activité économique, certaines régions comme Souss-Massa et Tanger-Tétouan-Al Hoceïma émergent grâce au tourisme et à l’industrialisation. En favorisant l’investissement dans ces zones à fort potentiel, le Maroc pourrait mieux répartir la création d’emplois et intégrer les jeunes, ainsi que les travailleurs non qualifiés.

La mise en œuvre du Fonds Mohammed VI pour l’Investissement pourrait jouer un rôle clé en dirigeant les capitaux vers des projets à forte intensité de main-d’œuvre dans les régions sous-développées.

Toutefois, la réussite de cette stratégie dépendra de la coordination entre les acteurs économiques et institutionnels.

Selon Edman, il reste à préciser les modalités de soutien aux TPME et les réformes de l’ANAPEC.

De plus, la flexibilité du marché du travail et les rigidités réglementaires, notamment autour du Code du travail, devront être abordées pour assurer l’efficacité des réformes.

Par Lamia Elouali
Le 24/02/2025 à 19h39

Bienvenue dans l’espace commentaire

Nous souhaitons un espace de débat, d’échange et de dialogue. Afin d'améliorer la qualité des échanges sous nos articles, ainsi que votre expérience de contribution, nous vous invitons à consulter nos règles d’utilisation.

Lire notre charte

VOS RÉACTIONS

Pas besoin de dépenser 14 milliard, il suffit juste de faciliter les procédures pour la création d'entreprise, de diminuer les impôts, créer un climat d'investissement serein, et ca repartira. Sinon on continuera de tourner en rond encore 20 ans...

0/800