Le débat autour de l'assurance Takaful se poursuit. L'absence de ce dispositif dans l'écosystème de la finance participative interpelle les opérateurs, les banques agréées ayant commencé à ouvrir des comptes et commercialiser des produits sans attendre l'entrée en vigueur de ce nouveau modèle d'assurance participative. Un pas qui risquerait de freiner l'élan de leur activité, avance Aujourd'hui le Maroc dans son édition du 21 décembre.
Pourtant, le rôle de Takaful se ne limite pas à limiter les risques de la banque ou du demandeur de financement. Takaful est censé être un état d'esprit, un écosystème complet apte à répondre aussi bien aux besoins de couverture sociale en termes de maladie et d'invalidité qu'aux besoins d'investissements et d'épargne.
Le secteur de l'assurance connaît actuellement un taux de pénétration de 3,5%. Un pourcentage qui pourrait se consolider avec la commercialisation des produits liés à Takaful, ce qui permettrait aux opérateurs de conquérir de nouvelles parts de marché pour des personnes qui, jusque là, n'étaient pas été assurées pour des raisons de conviction, de pouvoir d'achat ou d'adaptation des produits à leurs besoins. “Nous sommes dans l'obligation de renforcer l'effort de vulgarisation et de simplification du produit”, affirme ainsi Koudama Zeroual, directeur général du projet assurance Takaful de Wafa Assurance.
Par ailleurs, le flou persiste quant à la date de lancement, au Maroc, de l'écosystème Takaful et du modèle de gestion approprié. L'attente se fait également longue pour les émetteurs potentiels de Sukuk. La première émission, prévue pour septembre 2017, a été reportée sans qu'aucune date n'ait été définie. En effet, le dispositif réglementaire est en cours de révision, le but étant de pouvoir émettre différents types de certificats, outre les certificats ljara déjà autorisés dans le cadre de la loi relative à la titrisation.
Le projet de loi n°69-17, déposé au Parlement en novembre dernier, prévoit l'émission des certificats de Sukuk de financement, des certificats ljara et des certificats de Sukuk de portefeuille d'investissement. “Nous offrons aujourd'hui un financement au-delà de la titrisation. Un financement à la fois structuré, complet et participatif, à la fois en termes de financement et d'investissement. C'est très important pour la suite car, si nous nous limitions à Sukuk ljara, nous n'irions pas très loin”, explique Houda Chadi, directrice générale de Maghreb Titrisation.
Le potentiel d'investissement est estimé à ce jour à 46 milliards de dirhams, un potentiel qui montre toute l'importance de l'univers des Sukuk.