Friperie: ces nouvelles règles qui bouleversent le marché

Le secteur de la friperie, déjà largement contrôlé par quelques grandes enseignes spécialisées dans le tri, fait face à la menace de restrictions sur les importations.. DR

Revue de presseLe secteur de la friperie, déjà largement contrôlé par quelques grandes enseignes spécialisées dans le tri, fait face à la menace de restrictions sur les importations. Il doit également s’adapter à de nouvelles règles européennes, en vigueur depuis un an, qui introduisent des mesures inédites. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Les Inspirations Eco.

Le 21/01/2025 à 20h57

Le commerce des friperies continue de prospérer au Maroc, mais des changements réglementaires pourraient bouleverser cet équilibre. Initialement concentrée dans le nord, à proximité de Sebta et Melilla, cette activité s’est progressivement déplacée vers le centre du pays. «Si Casablanca et Rabat abritent aujourd’hui la majorité des marchés de vêtements d’occasion, Fnideq fut longtemps un point central de ce commerce, avant que la fermeture des frontières avec Sebta et Melilla en 2020 ne redistribue les cartes», explique le quotidien Les Inspirations Eco dans un focus sur ce secteur répandu mais peu connu.

Jusqu’à récemment, ces vêtements circulaient via des réseaux informels, alimentant un écosystème à la frontière de la légalité. La pandémie de COVID-19 a poussé l’État à instaurer des licences délivrées par le ministère de l’Industrie pour réguler ce secteur. Ces licences, accordées à quelques entreprises, imposent un cahier des charges strict. Par exemple, seules 20% des textiles triés peuvent être vendus sur le marché local, contre 30% auparavant, le reste étant destiné au recyclage et à l’exportation.

Des entreprises comme Circutex à Tétouan et Karama Recyclage à Nador se sont spécialisées dans ces activités, mais les conditions restent contraignantes. Chaque unité de tri peut commercialiser une quantité limitée de vêtements proportionnelle au nombre d’employés déclarés à la CNSS. Cependant, il existe des écarts significatifs entre les effectifs officiels et réels, privant de nombreux travailleurs de la sécurité sociale.

L’importation de vêtements usagés reste très rentable. Chaque tonne, achetée à environ cinq dirhams le kilo, est revendue localement pour 25 dirhams, générant une marge multipliée par quatre. Pourtant, les bénéfices sont inégalement répartis. Les petits commerçants du nord, autrefois au cœur de cette activité, se retrouvent marginalisés au profit de quelques opérateurs bénéficiant des licences, souligne Les Inspirations Eco.

Le système actuel est également entaché de dérives. Certains articles de marques de luxe, normalement interdits sous ce régime, se retrouvent parfois dans les cargaisons dédiées au recyclage, soulevant des doutes sur les mécanismes de contrôle.

Cette nouvelle organisation du secteur prive des milliers de foyers de revenus issus de l’économie informelle. «L’État a retiré la contrebande à 40.000 personnes pour la confier à une poignée d’individus», déplore un acteur associatif. Par ailleurs, des rumeurs d’interdiction des friperies circulent, alimentées par le lobbying des industriels du textile souhaitant protéger la production nationale. Une telle mesure, si elle se confirmait, pourrait entraîner des pertes massives d’emplois.

À l’international, les évolutions réglementaires s’ajoutent aux incertitudes. La Commission européenne envisage de limiter l’exportation de vêtements invendus vers des pays non membres de l’OCDE. Ce projet pourrait transformer les flux commerciaux et affecter lourdement le secteur marocain, conclut le quotidien.

Par Lamia Elouali
Le 21/01/2025 à 20h57