Dans son dernier rapport intitulé «Les implications économiques de la guerre en Ukraine pour l’Afrique et le Maroc», le Policy Center évalue l’impact du conflit russo-ukrainien sur l’économie marocaine dans un contexte de pressions inflationnistes mondiales et de volatilité des marchés financiers et des matières premières.
Selon les auteurs du rapport, le Maroc est la plus susceptible, parmi les plus grandes économies africaines, de subir un choc négatif important du fait de la guerre, car ses importations de pétrole, de gaz et de charbon représentaient 6,4 % du PIB en 2019, soit environ le double de celles de l’Egypte et de l’Afrique du Sud, qui réalisent également d’importantes exportations d’énergie.
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Le Royaume est également un gros importateur de céréales. Le coût des céréales importées en tant que part du PIB s’élevait à 1,4 % en 2019, mais en raison d’une mauvaise récolte attendue en 2022, les importations pourraient être deux fois plus importantes, voire trois fois plus importantes, que celles de 2021. Cela signifie que l’effet combiné de la hausse des cours du pétrole et des céréales, s’il se maintient, pourrait coûter au Maroc entre 1 et 2% du revenu national cette année, estiment les auteurs de la publication.
Au-delà de l’impact sur la balance extérieure du Maroc, la flambée des cours du pétrole et des prix des denrées alimentaires aggravera le déficit budgétaire déjà élevé, estimé à 6,5 % du PIB cette année, dans la mesure où le gaz butane est subventionné. La hausse des prix intensifiera également les pressions inflationnistes, comme dans le cas de l’essence et des autres carburants dont les prix sont libéralisés. Avec les syndicats qui font pression sur les autorités pour qu’elles ajustent les salaires afin de compenser la hausse des prix, l’inflation semble destinée à être encore plus élevée, explique les auteurs du rapport.
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Les pays africains qui ont accès aux marchés internationaux pourraient également voir leurs coûts d’emprunt augmenter de 1 ou 2%. Cela ne devrait pas poser de problème aux pays ayant une faible dette extérieure et des déficits courants gérables, dont le Maroc. Cela étant, de nombreux pays d’Afrique, en particulier ceux qui sont tributaires des financements publics, ont atteint des niveaux élevés de dette extérieure dans le sillage de la pandémie et sont désormais particulièrement exposés, précise le Policy Center.
Une opportunitéSelon l’ampleur et la durée des sanctions contre la Russie et la réaction de cette dernière, l’Afrique pourrait voir se présenter de nouvelles opportunités d’exportation vers l’Europe (son marché le plus important) et la Russie, avec une réorientation des exportations européennes vers la Russie et des exportations russes vers l’Europe. Parmi les secteurs qui pourraient être ainsi affectés figurent les fruits et légumes et le poisson en Russie, et les engrais en Europe.
Dans ce sens, les exportations marocaines d’engrais, par exemple, qui représentent 4,5% du PIB en 2019, concurrencent celles de la Russie sur les marchés européens, alors que les exportations marocaines de fruits et légumes et de poisson, qui représentent 2,6% du PIB du Maroc, concurrencent les exportations européennes en Russie, explique-t-on.