Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, confirme les dires du gouvernement: une loi de finances rectificative n’est pas nécessaire pour faire face aux conditions difficiles imposées par la conjoncture internationale, l’Exécutif disposant de suffisamment de marges de manœuvre pour compenser la hausse des dépenses.
Lors d’un point de presse à Rabat, qui a suivi la réunion trimestrielle du conseil de la Banque centrale, Abdellatif Jouahri a précisé que des recettes supplémentaires seront mobilisées cette année pour financer ces dépenses à travers deux mécanismes en particulier.
Le premier porte sur ce que l’on appelle les «financements innovants», qui désignent les mécanismes financiers, hors privatisation, auxquels peut recourir l’Etat pour se financer en substitution à l’endettement. Il peut s’agir de partenariats public-privé (PPP) ou encore de monétisation de certains actifs de l’Etat, à travers des opérations de «leaseback». Ces actifs, qui peuvent être des bâtiments administratifs, des écoles, des CHU, sont cédés aux institutionnels (caisses de retraite et compagnies d’assurance) en contrepartie d’un revenu locatif contractuel.
A travers ces mécanismes, l’Etat compte mobiliser 8 milliards de dirhams supplémentaires qui viendront s’ajouter aux 12 milliards déjà inscrits dans la loi de finances 2022, portant donc le total des recettes issues des financements innovants à près de 20 milliards de dirhams en 2022, a révélé le wali de Bank Al-Maghrib.
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La deuxième solution évoquée par Abdellatif Jouahri pour mobiliser davantage de ressources concerne les produits de monopoles de l’Etat. Ainsi, 4 milliards de dirhams supplémentaires seront mobilisés cette année, essentiellement grâce à l’OCP, dont les revenus sont attendus en forte progression, portés par la hausse des cours des engrais et la perspective de bons résultats en 2022. Ces 4 milliards de dirhams viendront s’ajouter aux 13,9 milliards de dirhams budgétisés en 2022 au titre des recettes de monopoles.
Rappelons que le dimanche 13 mars, Fouzi Lekjaa, ministre délégué auprès du ministre de l’Economie et des Finances, chargé du Budget, avait fait savoir que le gouvernement devrait mobiliser plus de 15 milliards de dirhams supplémentaires cette année, pour soutenir le pouvoir d’achat des consommateurs et donc empêcher la hausse du prix de vente sur le gaz, la farine et les transports.
Le ministre avait également néanmoins exclu les deux options les plus évidentes prévues dans le cadre de la loi de finance, à savoir la suppression des investissements ou encore le recours à une loi de finance rectificative.