Le Maroc franchit une nouvelle étape dans la transition énergétique avec la sélection de cinq investisseurs nationaux et internationaux pour développer six projets d’hydrogène vert dans le sud du pays. Un investissement colossal de 319 milliards de dirhams qui pourrait bien positionner le Royaume comme un acteur clé sur l’échiquier énergétique mondial.
Dans un entretien publié par le magazine Challenge, Badr Ikken, expert en énergies renouvelables, soutient que cette avancée est le fruit d’une stratégie bien rodée. «La vision royale et le positionnement stratégique du Maroc dans le domaine des énergies renouvelables lui ont permis de se hisser parmi les leaders mondiaux», dit-il. En capitalisant sur l’expérience du Plan Solaire, le Royaume a su élaborer une feuille de route claire pour l’hydrogène vert, créant ainsi un cadre propice aux investissements privés sans peser sur les finances publiques.
Le Maroc opte pour une approche pragmatique où les investisseurs ne s’engagent que dans un environnement sécurisé et économiquement viable. L’Europe, en quête de solutions énergétiques décarbonées, représente un marché prometteur pour ces nouvelles infrastructures.
Les bénéfices attendus de ces investissements vont bien au-delà de la production énergétique. «Contrairement au Plan Solaire qui ambitionnait deux gigawatts, l’hydrogène vert vise plusieurs dizaines de gigawatts, créant une masse critique favorable à une intégration industrielle renforcée», explique Badr Ikken. Cette dynamique stimulera toute la chaîne de valeur, depuis les énergies renouvelables jusqu’à la production d’ammoniac et d’e-fuels, en passant par le dessalement de l’eau de mer et les unités d’électrolyse.
Le secteur du BTP, l’industrie des composants, ainsi que les infrastructures portuaires et énergétiques bénéficieront également de ce développement, renforçant ainsi l’économie nationale. «L’impact sur le PIB sera significatif grâce à l’exportation de molécules vertes, la réduction des importations d’énergies fossiles et l’attraction d’investissements étrangers», ajoute-t-il.
L’essor de l’hydrogène vert constitue une opportunité sans précédent pour les entreprises locales. «La coopération entre entreprises nationales et internationales sera hautement bénéfique», souligne Badr Ikken. Grâce à l’Offre Maroc et à la Charte d’investissement, plusieurs consortiums se forment pour non seulement produire de l’hydrogène, mais aussi développer des maillons stratégiques tels que les électrolyseurs ou les unités de dessalement.
Le transfert de compétences sera également accéléré par des institutions de pointe telles que l’Université Mohammed VI Polytechnique, l’IRESEN et le Green Energy Park. «Ces pôles de compétences essentiels soutiennent le développement industriel de cette filière stratégique», précise Ikken.
En matière d’emploi, le secteur offrira des perspectives considérables. «Au-delà du BTP, l’hydrogène vert stimulera la création d’emplois hautement qualifiés dans l’ingénierie, la fabrication de composants et la maintenance industrielle», prévoit Ikken.
L’ambition du Maroc ne se limite pas à sa propre transition énergétique. Selon des études du centre Fraunhofer ISI, le Royaume pourrait capter entre 2 et 4% de la demande mondiale en hydrogène vert d’ici 2030. «Avec l’investissement de 319 milliards de dirhams, nous pouvons atteindre une capacité de production qui nous positionnera comme un acteur incontournable», affirme Ikken.
La collaboration internationale sera essentielle pour structurer un marché compétitif. L’IRENA estime que le corridor énergétique nord-africano-européen pourrait représenter jusqu’à 662 TWh d’hydrogène vert. Le Maroc, avec son expertise et ses ressources naturelles, a toutes les cartes en main pour devenir un fournisseur clé.
Le Maroc ambitionne de transformer son modèle énergétique et d’exporter ses surplus sous forme d’électricité et de molécules vertes. «Nous nous inscrivons dans une dynamique de décarbonation globale qui nous permettra de devenir un leader dans la production d’ammoniac vert et de carburants alternatifs», estime Ikken.
D’ici 2050, le Royaume pourrait capter plus de 6% de la demande mondiale en hydrogène vert. Une perspective qui renforce son rôle de pionnier dans la transition énergétique mondiale et qui confirme son engagement en faveur d’un développement durable et résilient.
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