Pour décarboner l’industrie et réduire les émissions de gaz à effet de serre, l’hydrogène vert est devenu une priorité dans les stratégies énergétiques de nombreux pays, grâce à ses propriétés. Ce gaz dit «propre», que d’aucuns appellent «l’or vert» ou même «nouveau pétrole», offre toute une gamme d’avantages: «en tant que vecteur d‘énergie, il peut être utilisé comme moyen de stockage et source d’énergie propre amie de l’environnement. Il est devenu le carburant alternatif de l’avenir pour la mobilité terrestre, maritime et aérienne», explique-t-on au ministère de l’Energie, sollicité par Le360.
L’hydrogène vert est produit à partir d'électricité renouvelable (éolienne et solaire) par un processus d'électrolyse de l'eau (procédé qui décompose l'eau en dioxygène et d'hydrogène gazeux). Il se distingue de l’hydrogène «gris» qui est produit à partir de sources d’énergie fossiles. Aujourd’hui, souligne le département de l’Energie, «la recherche d’une production à grande échelle de l’hydrogène vert explore toutes les autres possibilités pour le produire à partir de ressources autres que le gaz naturel, le pétrole et le charbon».
L’hydrogène vert peut être utilisé dans plusieurs secteurs et industries, notamment les raffineries, pour la production de l’ammoniac. Les constructeurs automobiles ont aussi jeté leur dévolu sur cette énergie. Le marché des véhicules électriques à pile à combustible à base d’hydrogène est en ébullition avec une compétition rude pour atteindre une autonomie suffisante et satisfaisante pour l’utilisateur final.
Le Maroc, futur acteur majeur de la filièreFlairant le potentiel de cette nouvelle industrie, le Maroc s’est positionné assez tôt sur cette filière. Il faut dire que le Royaume ne manque pas d’atouts. Le Maroc a en effet développé un modèle énergétique favorable à la production de l’hydrogène vert, basé essentiellement sur la montée en puissance des énergies renouvelables. De grandes centrales d’énergies renouvelables ont été réalisées, cumulant aujourd’hui 3.950 MW, soit 1.770 MW pour l’hydraulique, 1.430 MW pour l’éolien, et 750 MW pour le solaire. En outre, la quasi-totalité des capacités programmées pour les prochaines années seront d’origine renouvelable.
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Outre le potentiel considérable en énergies renouvelables et particulièrement solaire et éolienne dont il dispose, qui dépasse largement ses besoins énergétiques, le Royaume est bien placé pour être un acteur principal dans le développement de l'industrie de l'hydrogène grâce à sa situation géographique, rappelle le département de Aziz Rabbah.
En effet, sa proximité avec l'Europe, l'une des régions ayant les engagements de décarbonation les plus stricts, et la disponibilité d'infrastructures d'exportation vers ces pays, représente un facteur de soutien supplémentaire pour le Maroc. «Notre pays pourrait également s'appuyer sur le gazoduc Maghreb-Europe et ses ports bien reliés à l'Atlantique et à la Méditerranée pour mettre en place la logistique d'exportation de ses produits «Power to X», notamment l’hydrogène, vers l'Europe», argumente notre source.
Ces atouts permettent au Maroc de posséder un important potentiel de production et de commercialisation, d’hydrogène, d’ammoniac et de méthanol, par des technologies «Power to X» (transformation de l’électricité en un autre vecteur énergétique, ndlr). «Selon les études réalisées, le Maroc peut capter environ 4%, de la demande mondiale en produits Power to X à l’horizon 2030», fait savoir le ministère de l’Energie.
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Des opportunités d’exportation de l’hydrogène vert à partir du Maroc sont déjà identifiées, notamment vers l’Allemagne. «Une opportunité d’export à court-moyen termes vers des pays comme l’Allemagne, de molécules vertes compétitives et à haute valeur ajoutée (hydrogène, ammoniac et méthanol), permettrait de créer au Maroc un écosystème industriel (énergies renouvelables, dessalement, électrolyse et transformation chimique) créateur de valeur et d’emplois directs», affirme-t-on au département de l’Energie.
Une feuille de route sur la tableAu-delà des exportations, l’hydrogène vert permettra aussi au Maroc, à moyen terme, de décarboner son secteur industriel, en particulier l’industrie des fertilisants phosphatés, en évitant, à terme, l’importation de 2 millions de tonnes d’ammoniac.
«L’utilisation de l’hydrogène vert pourrait aussi profiter à nos industries traditionnelles agroalimentaires, du ciment et de la métallurgie; mais également aux nouveaux métiers d’avenir sur lesquels le Maroc s’est positionné dans le cadre de son plan d’accélération industriel», indique notre source.
En outre, à moyen et long termes, ajoute-t-elle, l’hydrogène permettra de décarboner le secteur national des transports (logistique terrestre et maritime, et aéronautique) à travers les deux composantes hydrogène et méthanol verts. Par ailleurs, le Maroc pourrait développer la production de carburants verts tels que le diesel ou le kérosène.
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Afin de positionner le Maroc, dès aujourd’hui, sur l’hydrogène vert, en tant que solution technologique de conversion et de stockage d’énergie, une feuille de route nationale a été élaborée par le ministère. En vue de faciliter sa mise en œuvre, de satisfaire la demande locale et d'optimiser l’exploitation du potentiel national, notamment à travers les exportations, la tutelle s’appuie sur trois axes stratégiques: les technologies, englobant les développements technologiques et les économies de coûts; l’investissement et l’approvisionnement, comprenant les conditions d'investissement dans l'industrie de l’hydrogène vert et ses produits dérivés; les marchés et la demande, se référant à la réalisation des opportunités de la demande, donnant lieu à de nouveaux marchés.
Une commission nationale de l'hydrogène a été créée en juillet 2020, avec pour missions de diriger et assurer le suivi de la réalisation des études dans le domaine de l'hydrogène, ainsi que d'examiner la mise en œuvre de la feuille de route de production de l'hydrogène et ses dérivés à base d'énergies renouvelables.
L’ambition est grande: faire du Maroc un des pays pionniers dans le domaine de la production des combustibles verts. Et les choses s’accélèrent: une unité pilote pourrait produire, dans un premier temps, à partir de 2025 quelque 10.000 tonnes d’hydrogène par an.