Selon Kévin Gorman, directeur général de Mubawab, un site immobilier qui se présente comme étant le leader sur le marché, l'immobilier est actuellement à son plus bas niveau depuis le premier trimestre de l’année 2020, une période exceptionnelle, qui avait été marquée par le confinement et donc une certaine paralysie de l’activité économique. Cependant, la situation a entre-temps changé.
En effet, selon les dernières statistiques de Bank Al-Maghrib, les crédits aux ménages ont enregistré en 2021 une hausse annuelle de 5%, notamment grâce à une augmentation de 5,4% des prêts à l’habitat.
Le financement participatif destiné à l’habitat, sous forme notamment du produit Mourabaha immobilière, a enregistré quant à lui une hausse de 49% à fin octobre, s’établissant à 15,3 milliards de dirhams, en hausse de 49% par rapport à l’année dernière. Mais cette reprise du crédit immobilier laisse-t-elle présager une accélération de la reprise du marché de l'immobilier?
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"Il y a eu une belle reprise post-Covid grâce aux incitations fiscales qui avaient été mise en place au début de la pandémie, notamment l’exonération des droits d’enregistrement, mais aujourd’hui la situation est encore difficile, on est encore loin des niveaux de transactions d’avant-crise", regrette toutefois Kévin Gormand.
Si l’offre reste toujours présente sur le marché, la demande a encore du mal à suivre, face à un pouvoir d’achat en berne depuis le début de la crise sanitaire. "La demande est toujours présente, se loger demeure un besoin vital et nécessaire, il est difficile de le voir disparaître malgré le contexte actuel", précise-t-il.
En dépit du besoin évident en logements, plusieurs projets d’achat ont été reportés à cause des effets de la crise, et certains projets immobiliers ont beaucoup de mal à attirer des acheteurs. Il s’agit essentiellement des logements économiques qui pourtant florissaient avant l’arrivée de la pandémie.
"Là où le bât blesse, c’est au niveau du logement économique, des biens immobiliers qui coûtent entre 140.000 à 240.000 dirhams", explique l’expert immobilier, indiquant aussi que "la classe sociale modeste a du mal à investir dans un projet d’achat, à prendre un prêt et à s’engager à long terme avec toutes les incertitudes qui règnent".
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En parallèle, d’autres segments du marché se montrent plus résilients, essentiellement dans le moyen standing. "Il y a des projets qui marchent très bien contrairement à d'autres, les ventes dans le moyen standing sont plus élevées que les autres catégories. Aujourd'hui on accompagne des promoteurs qui réalisent entre 30 et 40 ventes par mois, pour des projets qui oscillent entre 300.000 et 600.000 dirhams", précise Kévin Gormand. Qu'en est-il des prix? Au-delà de la demande, le prix des biens immobiliers pâtissent également des effets de la crise. Si la baisse des prix se fait déjà ressentir, un déclic très attendu pour relancer le secteur. "Si on compare les prix par rapport à l’année dernière, nous constatons une baisse conséquente au niveau de l’ensemble des catégories de logement. Les promoteurs sont également en train de revoir leurs marges pour liquider les stocks", détaille ce professionnel.
Si cette baisse des prix est, au final, une bonne nouvelle pour les particuliers qui souhaitent investir leur argent dans une valeur refuge, cette tendance ne durera pas longtemps. En effet, le prix des biens immobiliers risquent de s’envoler à nouveau dès l’année prochaine, à cause des coûts supplémentaires que les promoteurs subissent depuis quelques mois déjà. La raison? Une hausse des prix attendue, et une pénurie sur certaines matières premières essentielles au BTP, comme le verre et l’aluminium.
"A cause de la hausse des prix du verre et de l’aluminium, la finition pour un appartement va coûter 40% à 50% plus cher, il faut donc s’attendre à une hausse des prix des biens immobiliers dès 2022", explique ainsi le directeur général de Mubawab.
Une hausse qui, selon ce professionnel de l'immobilier, pourrait être évitée, à condition que les promoteurs réduisent leurs marges et que le prix du foncier baisse. "La seule chose qui pourrait stabiliser les prix, ce serait la baisse du prix du foncier. Il faut donc chercher à réguler le prix des terrains d’une manière ou d’une autre, par l’Administration", explique-t-il pour finir.