Flambée des prix des matériaux de construction, perturbations des chantiers, baisse des transactions... le marché immobilier est en berne depuis le déclenchement de la crise. Pourtant, les prix des biens immobiliers stagnent toujours.
Selon les dernières données communiquées par Bank Al-Maghrib et l’Agence nationale de la conservation foncière, du cadastre et de la cartographie (ANCFCC), l’indice des prix des actifs immobiliers a relativement stagné au deuxième trimestre de 2022, avec une légère hausse de 0,2%, en lien avec l’augmentation de 0,3% des prix du résidentiel, de 0,1% de ceux des terrains et de 1,1% de ceux des biens à usage professionnel.
Interrogé par Le360 sur la pertinence d’investir dans un logement durant cette période, le président de l’URAI, Mohamed Lahlou explique que la majorité des Marocains décident d’investir dans un bien immobilier par besoin et non par luxe, ce qui participe au maintien des prix élevés malgré la crise que traverse le secteur. «Je ne peux pas me mettre à la place des acquéreurs, il ne faut pas oublier que le logement au Maroc n’est pas un luxe, c’est un droit et surtout un besoin. La question qu’il faut se poser est de savoir si l’offre disponible sur le marché répond à ses attentes ou pas», souligne-t-il.
Il explique également que les promoteurs immobiliers refusent de réduire leur marge à cause du prix élevé du foncier. «L’offre actuelle est supérieure à la demande, pourtant les prix ne baissent pas et ce n’est pas normal. Mais si les promoteurs maintiennent leur prix c’est que le foncier acquis pour bâtir les logements est très cher, ce qui fait qu’une éventuelle baisse des prix impacterait fortement les marges de bénéfices».
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Pour résoudre ce problème, Mohammed Lahlou indique que l’Etat devrait procéder notamment à une révision de la fiscalité pour encourager les propriétaires du foncier à vendre leurs terrains pour rééquilibrer l’offre et la demande sur le marché et permettre de dégager des marges confortables pour faire baisser le prix de vente des logements aux consommateurs finaux.
Le président de l’URAI évoque également la nécessité d’adapter l’offre aux nouveaux besoins des acquéreurs en termes de superficie, de terrasses et d’espaces verts, en particulier pour la classe moyenne, qui reste tiraillée entre des biens hors de portée et un mauvais rapport qualité-prix, ce qui pourrait pousser plusieurs acquéreurs potentiels à reporter leur projet d’achat.
Selon ce professionnel de l’intermédiation et du conseil immobilier, un autre facteur devrait rendre l’accès au logement encore plus difficile durant les prochains mois à savoir la hausse des taux directeur de Bank Al-Maghrib à 2% qui devrait produire une hausse du taux bancaire du crédit à l’habitat pour les futurs prêts contractés.