Immobilier: les prémisses d’une reprise

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Les politiques de désendettement donnent leurs premiers résultats et les trésoreries des acteurs deviennent moins tendues. Toutefois, la reprise du secteur immobilier n’est pas attendue avant 2017.

Le 04/02/2016 à 14h30

Après avoir touché le fond, le secteur immobilier commence à regagner petit à petit la confiance des investisseurs en bourse. D’ailleurs, les cours des valeurs immobilières surperforment largement le principal baromètre de la place. Les cours d’Addoha, Dar Saada et Alliances affichent des performances depuis le début de l’année de respectivement 18,04%, 13,98% et 7,37% alors que le MASI évolue lui de 0,4%.

Certes, il est encore prématuré de tirer une tendance, mais quelques facteurs militent pour un retour progressif du secteur immobilier à une situation globalement normale.

Plusieurs facteurs ont obligé les acteurs du secteur à revoir à la baisse leurs ambitions: conjoncture sectorielle difficile, impact de la crise CGI et de la gestion de sa sortie du marché boursier, difficultés financières du Groupe Alliances et endettement élevé des promoteurs immobiliers... L'immobilier allait devoir adopter une sérieuse cure d’amaigrissement. Les actions adoptées par les acteurs immobiliers, pour faire face à cette situation difficile, ont commencé à produire leurs effets.

Désendettement et destockageD’abord, au niveau de l’endettement, principale préoccupation des créanciers, mais aussi des autorités, les acteurs du secteur, principalement les plus concernés, Addoha et Alliances, ont mis le paquet. A titre d’exemple, pour Addoha, le Plan génération cash a permis au Groupe de se désendetter à hauteur de 1,8 milliard de dirhams en 2015.

Idem pour le Groupe Alliances qui a poursuivi son désendettement bancaire en procédant notamment à la cession d’actifs immobiliers aux banques créancières permettant au Groupe de réduire significativement l’encours de sa dette auprès des banques.

La baisse de l’endettement des acteurs a pu être possible grâce à la baisse des investissements dans de nouveaux projets. Seuls les projets dont la génération immédiate de cash est identifiée sont ainsi lancés par les opérateurs.

Ensuite, afin de générer du cash, tous les opérateurs ont mis l’accent sur le destockage des produits. A ce titre, en 2015, les destockages d’Addoha ont progressé de 27% à 6.182 unités. Celles-ci, combinéss aux préventes relatives aux nouveaux projets lancés, ont contribué à une génération de cash s’établissant à 10 milliards de dirhams en 2015.

Dans le sillage de la forte baisse des investissements, le promoteur Alliances s’est également dessaisi d’une partie de son important foncier pour renflouer sa trésorerie et faire face à son endettement.

Amélioration, mais…En outre, cette cure d’amaigrissement s’est traduite aussi par la restructuration du Groupe Alliances qui a mis en liquidation judiciaire ses filiales EMT Bâtiment et EMT Routes. De plus, le Groupe prévoit de renflouer ses fonds propres grâce à l’apport de ses actionnaires de référence et améliorer ainsi davantage son taux d’endettement.

Enfin, cette crise du secteur a permis aux grands opérateurs de revoir leurs règles de gouvernance et se sont attachés des profils peformants mettant la gestion des risques parmi les priorités.

Grâce à la combinaison de tous ces facteurs, le problème d’endettement du secteur se résorbe petit à petit. Toutefois, pour de nombreux observateurs, la reprise n'est pas pour cette année, même si tous les acteurs, principalement les deux les plus touchés par la conjoncture, devraient améliorer leurs résultats financiers rapidement. En cause, la relative faible demande de logements de la part des particuliers.

Pour de nombreux observateurs, la véritable reprise du secteur ne devrait pas intervenir avant 2017. A cette date, le désendettement des acteurs devrait permettre de réduire considérablement les charges financières et, par conséquent, l’impact sur les résultats. Par ailleurs, face à la faible dynamique du marché immobilier local, tous les promoteurs immobiliers cotés se sont engagés dans des stratégies de développement en Afrique subsaharienne et particulièrement dans des pays affichant des déficits en logements colossaux : Côte d’Ivoire, Sénégal, Guinée, Ghana, Cameroun, Gabon, etc.

Les investissements entamés dans ces pays devraient, selon les opérateurs, générer leurs premiers fruits à partir de 2017 et constituer ainsi des relais de croissance aux activités locales.

In fine, si la croissance 2016 s’annonce molle, toutes les projections tablent sur une nouvelle dynamique de croissance à partir de 2017 grâce aux multiples projets en cours de finalisation et à une meilleure clémence du ciel…

Par Moussa Diop
Le 04/02/2016 à 14h30