À 100 kilomètres de Casablanca, dans la province d’El Jadida, Mazagan s’annonce comme un mirage cinq étoiles. «Situé à une heure de l’aéroport de Casablanca, au Maroc, s’étendant sur 250 hectares et orné de 7 kilomètres de plage sauvage, Mazagan Beach & Golf Resort est une destination balnéaire unique et éclectique. Le resort se distingue par une sélection de divertissements et des loisirs ludiques et extravagants qui mettent en valeur l’authenticité marocaine à travers une optique moderne et énergique», peut-on lire sur le site du complexe. Une invitation au rêve.
En prime, 492 chambres et suites, 14 restaurants et bars, un golf 18 trous signé Gary Player, et un vaste hammam de 100 m², dont les espaces chauds ou froids sont sublimés de marbre et de mosaïque. Sans oublier des kids clubs, des camps sportifs, des espaces événementiels intérieurs sur 2.000 m² et de vastes espaces en plein air comprenant forêts, plages et espaces verts et les activités sur place. Et, jackpot, un casino de 3.000 m² qui ne ferme quasiment jamais (ouvert de 21h à 8h du matin, 7 jours sur 7). Entre 390 machines à sous dernière génération, 36 tables de jeu, 80 postes de blackjack, auxquels s’ajoutent un espace VIP avec 12 tables et 19 machines, difficile de ne pas s’y perdre. Et justement, ce qui constitue la machine à cash pour cet établissement, explique la principale raison de la déception de tous ceux qui ont pensé qu’il allait transformer la région.
En 2009, l’établissement aux dimensions pharaoniques devait incarner la grande percée balnéaire du Maroc et irriguer toute la région. Seize ans plus tard, l’ambiance générale a quelque chose de dérangeant: le site vit en totale autarcie. Sur place, et la neige en moins, le décor rappelle celui du cultissime «Shining». La vie, la vraie, est si près, si loin. À une vingtaine de minutes, El Jadida végète, et à une dizaine de minutes, Azemmour agonise. Aucun véhicule touristique, aucun circuit organisé, aucun ruissellement visible. Mazagan Beach & Golf Resort est devenu le symbole éclatant d’un rêve qui s’est fracassé sur l’absence totale de gouvernance inclusive.
À quelques kilomètres à peine des grilles blindées, le contraste est violent. Il suffit de faire un petit tour à El Jadida et à Azemmour pour mesurer la désolation. Deux villes historiques à portée de navette, pourtant oubliées des brochures et des excursions, déplorent les locaux. El Jadida, avec sa cité portugaise, ses remparts, ses bastions et ses rues pavées, ne voit presque jamais les clients du resort. Ou quelques-uns, en coup de vent. Azemmour, elle, dort d’un sommeil profond.
Là où le mirage Mazagan s’arrête, la désolation commence
Le360 s’est rendu à Azemmour. À Bab El Kasbah, le silence est total. Il n’y a que le vent et les chats. Des dizaines de félins, maîtres incontestés des lieux. Ils dorment, vautrés sur les remparts tièdes, la queue enroulée autour du museau, l’air souverain et farouche. Qu’on ne les dérange surtout pas. Un regard mi-clos, un frémissement d’oreille et le message est clair. Faute de touristes, la médina leur appartient désormais.
Un sexagénaire nous regarde passer. «Avant, il y avait des Français, des Hollandais… maintenant, même pas un visiteur par mois», nous confie-t-il.
Soumaya Naâmane Guessous, sociologue, l’avait déjà écrit sur Le360 en octobre 2024: «Azemmour. Un grand potentiel touristique négligé. Elle pourrait attirer des visiteurs pour des séjours dans de superbes riads surplombant l’Oum Er-Rbia ou des promenades dans les barques, ou encore pour des déambulations dans les dédales d’une médina dont chaque pavé témoigne d’un passé illustre. Il n’en est malheureusement rien. Malgré son patrimoine immatériel énorme, Azemmour agonise.»
Devant la maison d’artisan d’Azemmour, Bouchaïb Kamal, acteur associatif et figure de la société civile locale, nous accueille, la voix pleine de regrets. «On nous a vendu du rêve. Ce projet devait changer la donne pour toute la région. C’était un vrai motif d’espoir. On imaginait enfin un levier de développement, une dynamique touristique capable de redonner à notre ville la place qu’elle mérite. À chaque fois que nous avons rencontré les responsables, en tant que société civile, on nous a servi le même refrain. “Azemmour doit d’abord proposer un circuit touristique structuré et attractif”. Sauf qu’à ce jour, tout reste à construire. Ce circuit n’existe toujours pas et, en l’absence de soutien réel, il bloque toute perspective d’évolution», fustige-t-il.
Résultat: la ville ne bénéficie ni des flux, ni de la visibilité, ni des retombées que l’on aurait pu légitimement attendre d’un investissement de cette envergure. Azemmour possède pourtant un patrimoine d’une richesse exceptionnelle qui pourrait constituer un produit touristique majeur si les décideurs, les opérateurs et les partenaires privés décidaient enfin de le valoriser, lâche un riverain qui avançait pépouze.
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La médina d’Azemmour, l’une des plus anciennes du Maroc, porte encore l’empreinte des civilisations qui s’y sont succédé. Ses remparts, ses portes, ses ruelles et ses habitations gardent la trace d’une histoire longue, complexe et profondément marocaine. La ville abrite un héritage spirituel façonné par des figures majeures de la pensée religieuse et du soufisme. Les sanctuaires de Moulay Bouchaib et de Lalla Aïcha (Roméo et Juliette de la ville, comme le décrit Soumaya Naamane Guessous) font partie de ces trésors qui mériteraient une mise en lumière nationale et internationale, énumère Abdellatif Aouam, mémoire vive de toute la région des Doukkala et figure respectée par les habitants.
À cela s’ajoutent les traces des dynasties et des peuples qui ont façonné la région, des Idrissides aux Berghouata, en passant par les Almoravides et les Almohades, sans oublier les périodes d’échanges, de résistance et d’influences multiples qui ont marqué la cité. Azemmour abrite également un patrimoine juif important. Un héritage pluriel qui enrichit l’identité culturelle de la ville et constitue un potentiel touristique capable d’attirer chercheurs, descendants, passionnés d’histoire et visiteurs en quête de récits oubliés.
«Or, malgré tout cela, Azemmour reste abandonnée, comme oubliée du monde. La région ne manque pas non plus de traditions vivantes, d’artisans, de savoir-faire anciens et de pratiques culturelles qui forment un ensemble cohérent et attractif. Les métiers de la ferronnerie, de la menuiserie, du tissage et de la poterie, mais aussi les musiques, les récits, les coutumes alimentaires et les fêtes traditionnelles pourraient devenir autant de leviers touristiques si une stratégie sérieuse de valorisation était mise en place. Tant que le site continuera de fonctionner en dehors du territoire, tant que ses visiteurs ne verront pas Azemmour, n’apprendront rien de son histoire et ne traverseront pas même ses rues, aucune synergie n’émergera et le potentiel immense de la ville agonisera», estime notre interlocuteur.
Des stratégies et non des promesses
Sayd Elfarissi, vice-président de l’Alliance des associations de la société civile d’Azemmour, le reconnaît également. «Azemmour est une ville ancienne, prestigieuse, chargée d’histoire. Elle a accueilli des savants, des artisans, des artistes, elle a laissé une empreinte réelle dans la mémoire du pays. Pourtant, le secteur touristique, qui pourrait devenir un levier économique et culturel majeur, demeure à l’abandon», regrette-t-il.
«Ce qu’on veut, c’est simple. Des véhicules touristiques qui partent de Mazagan, qui viennent jusqu’ici, qui s’arrêtent dans nos médinas, qui font visiter nos monuments, qui mettent les touristes en contact avec nos artisans. On veut voir, à l’œil nu, que ce géant n’est plus une enclave fermée, mais un vrai acteur qui irrigue le territoire et crée de la valeur au-delà de ses murs», fait-il remarquer.
En attendant, la ville vieillit seule, donc très mal. Et c’est le cas également à El Jadida. La cité portugaise, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2004, semble tout aussi isolée, prisonnière d’un tourisme saisonnier et informel (surtout interne).
Mustapha Jmahri, auteur-éditeur de plusieurs livres sur El Jadida, l’a décrit sans complaisance, en avril 2025, sur Quid. «L’hôtel Mazagan Beach & Golf Resort, faisant partie du Plan Azur, dispose d’un nombre élevé de chambres et est bien situé à seulement une dizaine de kilomètres d’El Jadida. Ce complexe participe à l’effort économique, notamment par l’emploi d’une main-d’œuvre locale importante. Selon un observateur, la clientèle qui le fréquente vit généralement dans le confortable microcosme de l’hôtel. Bien que l’établissement propose des navettes jusqu’à El Jadida, peu de touristes visitent la ville d’après un propriétaire de bazar à la cité portugaise. Outre l’absence de guides certifiés», constate-t-il.
Un constat que la direction du resort réfute. Contacté par Le360, Mazagan se montre catégorique: «Cette perception ne correspond pas à la réalité.» L’établissement affirme qu’il «s’inscrit comme un acteur pleinement intégré à son territoire, tant sur le plan économique que social. Le resort est l’un des principaux employeurs privés de la région, avec une large majorité de collaborateurs issus d’El Jadida et d’Azemmour et investit durablement dans la formation locale à travers l’Académie Mazagan, qui a diplômé plus de 185 lauréats de la région au cours des trois dernières années».
Un argument d’emploi, brandi comme un bouclier, qui évite soigneusement la question du tourisme hors les murs et du bien-fondé de faire profiter les commerces et les lieux touristiques à Azemmour et El Jadida des résidents du resort. «Mazagan privilégie également les partenariats avec des fournisseurs et prestataires locaux générant des retombées économiques indirectes pour l’écosystème régional. Par ailleurs, le resort encourage activement ses clients à découvrir les villes voisines et leur patrimoine, notamment à travers des départs quotidiens organisés gracieusement. Ainsi, loin de fonctionner en autarcie, Mazagan joue un rôle de levier de développement territorial durable, contribuant à l’attractivité et au rayonnement de l’ensemble de la destination», fait-on savoir.
«La visibilité de la région est bien réelle, tant en ligne que dans les brochures du resort. Mazagan dispose d’une équipe concierge dédiée qui oriente activement les clients vers les sites patrimoniaux, culturels et les expériences locales. Des navettes offertes quotidiennement facilitent l’accès et encouragent les sorties hors du resort. Mieux encore, Mazagan développe des partenariats avec des acteurs locaux, notamment des éleveurs de pur-sang arabe, afin de proposer des visites et expériences authentiques générant des retombées concrètes pour le territoire», note-t-on. Un «rayonnement» qui interroge. Si ces départs quotidiens existaient au niveau annoncé, pourquoi El Jadida et Azemmour ne les captent donc pas? Pourquoi la majorité des commerçants et acteurs touristiques des deux villes déplorent l’indifférence du resort?
Sur le papier, tout est «intégré». Sur le terrain, les médinas attendent –ou plutôt ont désespéré d’attendre– les touristes de Mazagan. Pour compléter, Mazagan répond aussi, et assume une ligne de défense construite autour des volumes et des pourcentages. Là encore, le resort empile les chiffres, mais laisse entière la question de l’effet réel sur les villes voisines.
«L’impact de Mazagan Beach & Golf Resort sur son territoire s’inscrit dans une logique économique et sociale durable, fondée sur l’emploi local, la formation, l’investissement continu et la visibilité touristique régionale. Le resort figure aujourd’hui parmi les plus importants employeurs privés de la région dans les secteurs de l’hôtellerie, de la restauration, du golf, des services techniques... Il emploie environ 1.200 collaborateurs dont 80% sont issus d’El Jadida, d’Azemmour et de Haouzia, générant ainsi un impact économique direct et structurant sur les foyers locaux», insiste-t-on.
Une fois encore, pour sa défense, Mazagan semble avoir pour seul argument la main-d’œuvre locale qu’il emploie. Mais est-ce qui est attendu d’un établissement qui occupe 250 hectares et dont on espérait un impact majeur sur le développement de la région?
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La création d’emplois dans la région est epsilon compte tenu de ce qui était attendu d’un établissement qui a privatisé 7 km de plage. Et la déception, voire la colère, est partout perceptible. Un élu local va plus loin dans sa critique, pointant du doigt un échec structurel. «Le projet Mazagan, qui avait été présenté comme un investissement structurant à vocation régionale, a échoué dans sa mission essentielle. Non seulement il n’a pas dynamisé le tourisme d’El Jadida et d’Azemmour, mais il s’est développé comme une enclave fermée, détachée de son environnement, et a ainsi privé tout le territoire de l’effet d’entraînement qui avait été promis à la population», pointe-t-il.
Mazagan devait être un moteur, un levier de développement. Il n’a été qu’un îlot fermé. Son modèle repose sur une logique d’autosuffisance qui capte les flux touristiques au lieu de les redistribuer dans la région. Les visiteurs qui y séjournent consomment, dépensent, se divertissent à l’intérieur même du complexe, sans visiter les villes voisines et sans créer la moindre valeur ajoutée dans l’économie locale. Le site a absorbé les ressources touristiques potentielles au lieu de les relayer vers les acteurs locaux, affirme un habitant.
Le résultat est sans ambiguïté. Zéro intégration territoriale, zéro synergie, zéro impact touristique réel sur Azemmour et El Jadida. Aucun circuit, aucune valorisation patrimoniale, aucune passerelle touristique n’a été mise en place. La situation d’El Jadida n’est pas meilleure. «La majorité des visiteurs provient de Casablanca, de Marrakech et de Safi et leur consommation reste limitée, concentrée sur des périodes précises sans que la ville n’en tire un bénéfice durable. Pendant ce temps, le resort se présente comme un produit touristique de luxe qui ne renvoie aucune valeur vers le territoire qui l’entoure. Ce modèle est économiquement inefficace et territorialement injuste», constate un opérateur touristique.
Mazagan capte, mais ne redistribue pas. Il attire, mais ne diffuse pas. Il consomme les ressources touristiques potentielles de la région sans contribuer à la création d’un écosystème local dynamique. Il a été pensé comme un moteur régional, dans le cadre du Plan Azur, mais il fonctionne comme un circuit fermé, centré sur lui-même, insensible aux besoins des villes qui l’entourent et indifférent à leur patrimoine, à leur histoire et à leurs habitants.
Pour Othman Cherif Alami, président du Conseil régional du tourisme de la région Casablanca-Settat, le diagnostic dressé par les acteurs des régions avoisinantes est sans appel. «On peut pointer le ministère du Tourisme et la SMIT, qui ont porté la Vision 2010, ou encore la région, qui n’a jamais réussi à mettre un véritable plan de développement sur les rails», assène-t-il.
Le casino, seul vrai moteur de la station?
«Le projet de la station de Mazagan n’a jamais réussi à attirer beaucoup de marchés émetteurs internationaux. Les séminaires d’entreprises casablancaises, les team-buildings et les événements comme le Salon du Cheval d’El Jadida remplissent régulièrement les salles de conférence et les chambres en milieu de semaine, mais cela reste insuffisant pour assurer une exploitation régulière et rentable sur les douze mois de l’année», estime Othman Cherif Alami.
Et d’ajouter. «D’ailleurs, il a fallu que Mazagan sorte de terre grâce au fonds sud-africain Kerzner parce qu’il y avait une autorisation exceptionnelle pour un casino à moins de 100 kilomètres de Casablanca. Le casino devait, dans le business plan initial, générer 40% de la clientèle du resort sur l’année», poursuit Othman Cherif Alami.
Le Casino Mazagan.
Or, dans les faits, «la majorité des joueurs sont des Marocains. Pas des Brésiliens, pas des Américains, pas des Anglais qui viennent toute l’année jouer au casino. Donc le modèle était vicié dès le départ», signale un opérateur touristique. Au resort, le casino est, en fait, le seul produit qui tourne à plein régime. Il n’est pas difficile de comprendre dès lors le désintérêt pour les circuits touristiques hors établissement et l’indifférence envers les touristes étrangers. Un comble pour une station qui devait vendre à l’international du soleil, du golf et de l’océan dans un écrin de somptueux eucalyptus trônant sur des dizaines d’hectares.
Cependant Mazagan dit que son modèle «est au contraire diversifié: golf, spa, restauration, familles, MICE, Sports et loisirs, événements gastronomiques, événements culturels, concerts, soirées… L’espace de jeux de hasard n’est qu’un volet parmi d’autres». Sans pour autant préciser la part réelle qu’il occupe aujourd’hui dans le chiffre d’affaires ni expliquer pourquoi cet élément «parmi d’autres» était, à l’origine, la condition sine qua non de la viabilité du projet.
Mazagan, symbole de l’échec du Plan Azur
Mazagan Beach & Golf Resort n’est que le symptôme le plus emblématique des limites du Plan Azur, lancé avec pour ambition de faire du balnéaire 70% de l’offre touristique marocaine. Six stations géantes étaient prévues: Saïdia, Lixus, Mazagan, Mogador, Taghazout, Plage Blanche.
En 2017, un rapport de la Cour des comptes sur le contrôle de la gestion de la société marocaine d’ingénierie touristique (SMIT) signalait que le Maroc s’était engagé «dans une nouvelle politique touristique qui s’est concrétisée par la signature de l’accord-cadre entre le gouvernement et la fédération du tourisme avec comme principal objectif de placer le Maroc parmi les premières destinations mondiales et d’accueillir 10 millions de touristes en 2010. Au terme de la Vision 2010, une autre stratégie de développement touristique appelée «Vision 2020» a été lancée, à travers le contrat-programme 2011-2020 du 30 novembre 2010 signé entre l’État et le secteur privé. Cette nouvelle Vision ambitionne de doubler la taille du secteur en construisant notamment près de 200.000 lits hôteliers et assimilés et de recevoir 20 millions de touristes en 2020. Toutefois, pour ces deux visions stratégiques du tourisme, les résultats obtenus sur le chantier «produit» sont en deçà des ambitions, surtout pour sa composante principale et structurante, à savoir le Plan Azur».
Mazagan Beach & Golf Resort incarne ce rendez-vous manqué. Un site magnifique abrite un casino. C’est ainsi qu’on peut formuler le modèle économique de ce vaste resort qui occupe une longue et belle plage de l’Atlantique. Tant que le casino tourne –et il tourne–, il ne semble pas y avoir de motivation pour attirer des touristes étrangers et encore moins de se soucier du développement du territoire où il est implanté. Résultat: Mazagan est une enclave dorée, brillant des feux des machines à sous, qui offre une belle vue sur l’océan, mais tourne le dos à la région qui l’accueille. Jusqu’à quand?























