Relever le taux directeur pour juguler une inflation qui ne cesse d’augmenter pour s’établir à 8%, selon les dernières statistiques du Haut-Commissariat au Plan (HCP) ou maintenir le statu quo afin de soutenir la croissance de l’économie nationale, qui ne devrait pas dépasser les 1,5% dans le scénario le plus optimiste, tel est l’arbitrage que devrait faire Bank Al-Maghrib lors de son prochain Conseil, le mardi 27 septembre prochain.
Comme à l'accoutumée, les spéculations les plus diverses circulent, en attendant le verdict du wali de la banque centrale, qui, jusqu'ici, ne s’est pas aligné sur la tendance générale du resserrement de la politique monétaire d'ores et déjà adoptée dans plusieurs pays du monde, et tout particulièrement aux Etats-Unis et dans plusieurs pays de l'UE.
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Contacté par Le360, Omar Bakkou, économiste, spécialiste en politique de change au Maroc, table sur le maintien du taux directeur à 1,5%, un soutien à la croissance étant plus important selon lui que le fait d'agir sur l’inflation qui devrait d'après ses prévisions, se stabiliser durant les prochains mois.
En effet, selon cet économiste, plusieurs éléments laissent prévoir une stabilisation de l’inflation, voire une baisse de celle-ci au cours des mois à venir, notamment la chute des coûts de la logistique au niveau international qui devrait faire baisser le prix des importations et la stabilisation des prix des produits énergétiques, qui s’est installée depuis quelques semaines après plusieurs mois de hausses successives.
«Les craintes par rapport à une aggravation de l’inflation à l’avenir ne sont pas justifiées aujourd’hui. Cependant, il y a un risque de récession qui demeure important. Après une année marquée par une faible croissance, causée notamment par la mauvaise campagne agricole et l’impact de la hausse des prix des produits énergétiques, nous n’avons toujours pas de visibilité par rapport à une reprise de l’activité durant les prochains mois, il est donc indispensable de soutenir la croissance et la relance de l’économie nationale», explique Omar Bakkou.
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Même avis pour les cadres de la CDG Capital Insight qui estiment, dans une récente publication, qu’il est plus probable que le Conseil de Bank Al-Maghrib maintienne le taux directeur inchangé, à un niveau de 1,5%, compte tenu de la conjoncture économique.
L’économiste en chef chez CDG Capital, Ahmed Zhani, explique quant à lui cette prévision par le retour prévu de l’inflation à des niveaux largement inférieurs aux pics actuels au cours des prochains trimestres, la fragilité de la reprise des crédits étant essentiellement alimentée par ceux destinés à la trésorerie et l’importance de maintenir des conditions de financement favorables pour soutenir la reprise économique post-Covid-19.
C'est là une hypothèse qui est également soutenue par la société de bourse Valoris Securities, dont les financiers estiment que le wali de Bank Al-Maghrib annoncerait un statu quo. «Un relèvement du taux directeur de BAM nous paraît peu probable, d’autant que l’inflation des biens échangeables est appelée à s’alléger prochainement et que les réserves de change demeurent solides», explique Valoris Securities dans sa dernière note d’analyse.
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Selon les auteurs de ce document prévisionnel, «une augmentation agressive du taux directeur lors des prochains Conseils de BAM pourrait peser sur les prochaines politiques de relance du gouvernement et ainsi sur les perspectives de croissance économique, dans un contexte de concurrence entre pays du sud de la Méditerranée vis-à-vis des investissements étrangers, sans pour autant peser significativement sur l’évolution de l’inflation».
Les financiers d'Attijari Global Research tablent, pour leur part, sur une hausse du taux directeur, dans un contexte qu'ils considèrent marqué par l’accélération de l’inflation et la synchronisation des relèvements de Taux Directeur des grandes banques centrales à l’international.
«A quelques jours de sa 3ème réunion de politique monétaire de l’année, Bank Al-Maghrib continue de réguler le marché monétaire à travers ses injections de liquidité et ce, afin de maintenir les taux interbancaires au niveau du Taux Directeur (…) Au Maroc, le Taux Directeur est resté inchangé en 2022 à 1,5%, soit son plus bas historique. A cet effet, nous maintenons notre scénario central prévoyant au moins une hausse du TD d’ici la fin de l’année 2022», indique l’institution de recherche dans sa dernière publication.