Jouahiri au Financial Times: Le Maroc est bien parti

Revue de presseAbdelatif Jouahiri, qui donne au moins quatre conférences de presse par an, est habitué au jeu des questions réponses, mais sous une forme différente. L’interview accordée au Financial Times a été publié sous forme d’analyse sur l’économie marocaine. L'optimisme est au rendez-vous.

Le 31/12/2014 à 20h30

Le Maroc entre peut-être dans une phase de croissance, après sept années au cours desquelles, son économie a lutté pour éviter la crise qui a affecté certains de ses voisins arabes. Après avoir connu des taux de croissance à deux chiffres, ce pays d’Afrique du Nord a été touché de plein fouet et de manière successive par la crise financière mondiale en 2008 et le soulèvement de la rue arabe en 2011.

Cependant, Abdelatif Jouahiri, le gouverneur de la Banque centrale marocaine, affirme que le pays est sur la bonne voie. Il évoque "l’augmentation des réserves de change, la croissance bien que modeste de l’économie, mais aussi et surtout la forte augmentation des activités des secteurs non-agricoles, notamment le textile, l’automobile et l’aéronautique". "Nous avons été capables de traverser cette période avec le minimum de dommage", a-t-il expliqué dans l’une de ses rares interviews accordées depuis le siège de la banque à Rabat. "L’économie marocaine ne s’appuie pas sur un seul secteur, comme le pétrole ou l’acier. Nous avons un peu de chaque chose… ce qui nous a aidé à traverser les difficultés".

Le Maroc a été le seul pays arabe à avoir répondu au soulèvement de la rue en autorisant les manifestations, mais aussi en engageant une réforme constitutionnelle qui a permis aux islamistes modérés d’accéder au pouvoir, même si le roi Mohammed VI conserve l’autorité sur les affaires publiques. Une telle stabilité a permis d’engager des réformes de la Caisse de compensation et des retraires qui a permis de réduire le déficit de la balance des paiements. Contrairement au Libye, à l’Egypte ou à la Tunisie, où des révolutions ont mené vers un certains chaos politique et à la crise économique, le Maroc a emprunté une voie plus stable.

La croissance de son PIB depuis 2008 s’est atténuée autour de 2,5%, du fait surtout d’une très faible croissance agricole. Cependant, il y a eu de meilleures nouvelles dans d’autres domaines, notamment avec le déficit budgétaire qui est passé de 7,3% à 5,4% cette année, comme l’a expliqué le gouverneur de la Banque Centrale marocaine. Les subventions de la Caisse de compensation sont passées de 6% du PIB en 2012 à quelque 3% aujourd’hui. Alors que l’inflation est restée très bas, avec une moyenne annuelle inférieure à 2% durant les 10 dernières années. Les réserves internationales de change ont sensiblement augmenté, passant de moins de 4 mois d’importations de biens et services à un peu plus de 5 mois aujourd’hui.

Ce mois de décembre 2014, la Banque Centrale marocaine a réduit son taux directeur de 25 points de base pour le faire passer de 2,75% à 2,5%. S’appuyant sur la croissance des arrivées touristiques, l’augmentation des exportations et l’amélioration du nombre d’emplois industriels, Capital Economics, un cabinet de consulting basé à Londres, a estimé que la croissance du PIB devrait être de 4,5 à 5% d’ici 2016. "Nous avons vu que sur le long terme, les secteurs non-agricoles avaient une croissance de 5% en moyenne", a expliqué Jouahiri. "Quand vous faites l’analyse de la balance de paiements, vous verrez qu’il y a d’excellentes opportunités de croissance au Maroc".

Il a signalé que le Maroc est l’unique pays exposé aux printemps arabe mais qui a réussi à être qualifié pour une ligne de précaution du FMI, preuve de sa stabilité. Pendant ce temps, son économie est restée fragile, dépendant des transferts des Marocains résidents à l’étranger (MRE). La dette publique reste importante, représentant 64% du PIB et en hausse de 40% en 2011.

Les observateurs estiment également que le Sahara coûte au pays 10% de PIB par an. Rabat subventionne l’économie du sud du pays et doit également financer une armée pour contrer ses adversaires, ce qui lui coûte 5,1% du PIB. Mais les réformes politiques et économiques paisiblement menées, ont ouvert un espace pour la modernisation, offrant peut-être une piste plus appropriée à explorée par les pays arabes que celles des riches pays pétroliers du Golfe.

Source : Financial TimesTraduit de l’anglais par Le360.fr

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 31/12/2014 à 20h30