L’agence de notation américaine Moody’s a confirmé, lors de sa revue périodique de mars, la note Ba1 attribuée au Maroc, assortie d’une perspective stable. Cette décision souligne la capacité du Royaume à préserver sa stabilité macroéconomique malgré des défis persistants, tels qu’une croissance économique ralentie et une dette publique en augmentation, écrit le magazine Challenge.
Dans son rapport, Moody’s met en avant la solidité des institutions marocaines et l’efficacité des politiques budgétaires, sociales et économiques du pays. Ces éléments ont permis de maintenir la cohésion sociale et de soutenir l’activité économique, malgré une dette publique croissante, mais jugée soutenable. L’agence précise que la position extérieure du Maroc demeure robuste, grâce aux recettes touristiques, aux exportations et aux transferts des Marocains résidant à l’étranger. Ces flux financiers contribuent à contenir le déficit du compte courant, estimé à 2,5% du PIB en 2024.
Un autre facteur clé mis en avant par Moody’s est le rôle stratégique joué par Bank Al-Maghrib (BAM), qui renforce la crédibilité de la politique monétaire du pays. Selon l’agence, la solidité budgétaire du Maroc, notée Baa2, équilibre un endettement public en hausse mais maîtrisé. Toutefois, certains risques demeurent, notamment ceux liés au vaste secteur des entreprises publiques et à l’exposition au risque de change. Actuellement, la dette en devises étrangères représente 17,6% du PIB.
Moody’s alerte également sur les risques de détérioration possibles. Ceux-ci incluent les pressions budgétaires associées aux réformes de la sécurité sociale et aux grands projets d’infrastructure, ainsi que l’exposition du pays aux chocs externes, en particulier ceux liés au climat.
Pour Zakaria Fahim, CEO de BDO, «cette notation de Moody’s envoie un signal clair: le Maroc est sur la bonne voie, mais des efforts restent nécessaires». Il insiste sur la nécessité d’une exécution rigoureuse des réformes, notamment en matière de stabilité monétaire, de réforme du marché du travail, d’accélération de la ZLECAF (Zone de Libre-Échange Continentale Africaine) et de digitalisation de l’administration. Selon lui, le secteur privé doit également jouer un rôle central en renforçant les synergies avec le secteur public, en valorisant les chaînes de valeur régionales et en soutenant les jeunes entrepreneurs.
«Ce maintien de notation est un appel à l’action», ajoute Zakaria Fahim. «C’est le moment d’investir intelligemment, de renforcer la formation et de capitaliser sur notre capital humain. La note Ba1 de 2025 peut devenir un A3 demain, à condition de la considérer comme un tremplin stratégique et non comme un simple palier», lit-on.
L’économiste Samuel Mathey abonde dans le même sens. Selon lui, «le maintien de la note Ba1 avec perspective stable traduit la capacité du Maroc à absorber les chocs économiques tout en conservant un cadre budgétaire discipliné». Cette résilience repose sur plusieurs facteurs, dont des entrées de devises solides via les transferts des Marocains résidant à l’étranger, le tourisme et les exportations, notamment dans l’industrie automobile et le phosphate. Ces flux permettent d’atténuer l’impact des déficits commerciaux et de stabiliser la balance des paiements.
Malgré une dette publique représentant environ 70% du PIB, la gestion budgétaire du Maroc est perçue comme crédible. Les réformes en cours, visant notamment à élargir l’assiette fiscale et à mieux maîtriser les dépenses publiques, renforcent la confiance des investisseurs. De plus, l’amélioration du climat des affaires et le développement de grands projets structurants, tels que les infrastructures portuaires, les énergies renouvelables et les zones industrielles, soutiennent une dynamique d’investissement favorable à la croissance.
Selon Samuel Mathey, «la note Ba1 reflète la solidité institutionnelle du Maroc et sa capacité à gérer ses finances publiques, mais elle met aussi en lumière les défis à relever, notamment en matière de croissance économique et de soutenabilité de la dette. Pour accéder à la catégorie d’investissement».
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