Lait: un approvisionnement stable durant le ramadan malgré l’impact de la sécheresse

La filière laitière est sévèrement impactée par la sècheresse prolongée.

Le secteur laitier, fragilisé par sept années de sécheresse ayant réduit le cheptel et la productivité, fait face à de grands défis. Toutefois, grâce à l’intervention de l’État, rassure la profession au média Le360, l’approvisionnement du marché durant le Ramadan restera assuré.

Le 31/01/2025 à 13h11

Le secteur laitier est frappé de plein fouet par la sècheresse qui sévit au Maroc depuis plusieurs années. Toutefois, l’intervention de l’État lui permet de continuer à approvisionner normalement le marché national, y compris durant le mois de ramadan, période de grande consommation de ce produit.

Mohammed Raita, directeur général exécutif de la fédération Maroc Lait, interrogé par Le360, souligne que la filière laitière subit de plein fouet les effets du «long cycle de sécheresse» que traverse le Maroc. La raréfaction des pluies a drastiquement réduit la disponibilité des fourrages, entraînant une baisse du cheptel bovin et de la production laitière.

Il rappelle que 90% des éleveurs possèdent moins de dix vaches laitières, un modèle d’élevage essentiellement basé sur le pâturage, et donc particulièrement vulnérable aux conditions climatiques extrêmes.

Cette sécheresse prolongée, aggravée par d’autres crises telles que la flambée des prix des intrants et la suspension des exportations de génisses par les pays fournisseurs habituels, ajoute-t-il, a entraîné une baisse de la production laitière d’environ 30% entre 2019 et 2023, conséquence directe de la diminution du cheptel et de la productivité.

Selon notre interlocuteur, cette baisse s’est principalement manifestée par une réduction des effectifs au sein des exploitations. Les éleveurs privilégient ainsi la conservation d’un cheptel restreint, garantissant une trésorerie régulière. Pour nombre d’agriculteurs, il s’agit souvent du dernier revenu stable en ces années de sécheresse.

Toutefois, cette situation ne devrait pas entraîner de perturbations dans l’approvisionnement du marché durant le mois de Ramadan. Selon cet expert, «grâce aux efforts conjoints de Maroc Lait et du ministère de tutelle, notamment l’augmentation de plus de 30% du prix du lait payé aux éleveurs, la subvention de 6 millions de quintaux d’aliments composés et un encadrement de proximité, la baisse de la production laitière causée par les crises précédentes a non seulement été stoppée en 2024, mais nous avons également constaté une amélioration d’environ 10% du lait collecté par nos usines par rapport à 2023», a-t-il souligné.

Culture fourragère: des expériences pilotes en cours

Mohammed Raita a souligné que l’aliment composé, en particulier lorsqu’il est subventionné, a considérablement aidé les éleveurs à maintenir une partie de leur cheptel, les incitant à privilégier des rations sèches ou demi-sèches.

Qu’en est-il du recours au lait en poudre pour compenser la baisse de la collecte? Depuis longtemps, explique le directeur exécutif de Maroc Lait, «le lait en poudre joue un rôle clé dans la régulation de l’offre et de la demande en lait». Ainsi, lorsque la demande dépasse la production nationale, comme ce fut le cas en 2022, «nous utilisons le lait en poudre pour la fabrication des produits dérivés, tandis que le lait cru collecté est exclusivement destiné à la production de lait pasteurisé et UHT», précise-t-il.

À l’inverse, lorsque la production excède la demande, «nous procédons au séchage du lait et le stockons en prévision d’une reprise du marché, notamment à l’approche du mois de Ramadan», ajoute-t-il.

Par ailleurs, révèle Mohammed Raita, la profession collabore avec le ministère de l’Agriculture sur un plan fourrager visant à garantir une meilleure résilience face à la sécheresse. Ce plan intègre de nouvelles sources d’eau, telles que le dessalement et l’osmose inverse, ainsi que des techniques d’irrigation économes, notamment le goutte-à-goutte. Il promeut également des cultures adaptées aux conditions arides, telles que l’orge hydroponique et le panicum bleu. Des expériences pilotes «réussies» sont en cours, assure-t-il.

Dans cette optique, les professionnels de la filière laitière ont demandé au gouvernement d’exonérer de taxes à l’importation les aliments simples, comme la paille et les fourrages, en arguant qu’il n’existe pas de concurrence avec la production locale. Cette exonération, accordée uniquement pour l’année 2023, n’a pas été reconduite pour 2024. Toutefois, selon Mohammed Raita, sa prolongation en 2025 serait essentielle pour aider les éleveurs à faire face au retard des pluies.

L’informel, un défi persistant pour le secteur laitier

Un autre défi majeur auquel la filière continue de faire face est le poids de l’informel, qui représente aujourd’hui près d’un tiers de la production. Bien que des efforts significatifs aient été déployés pour le réduire – atteignant 15% en 2019 –, la tendance s’est inversée après la crise de la Covid-19, favorisant une reprise de l’informel.

Ce phénomène soulève plusieurs problèmes structurels et sanitaires, souligne notre interlocuteur. Il expose les consommateurs à des risques sanitaires, car le lait vendu dans ce circuit n’est ni traité ni contrôlé. De plus, en période de baisse de la demande, les éleveurs se retrouvent avec des stocks de lait invendus, car les colporteurs ne disposent pas des infrastructures nécessaires pour sécher et conserver le lait, contrairement aux usines.

Enfin, l’informel constitue un manque à gagner pour l’économie nationale, car il échappe à l’impôt et ne contribue pas à la CNSS, privant ainsi de nombreux travailleurs du secteur de couverture sociale et de droits fondamentaux.

Par Lahcen Oudoud
Le 31/01/2025 à 13h11

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