Lors de son intervention, samedi 10 septembre à Agadir, à l’occasion de l’Université d’été du Rassemblement national des indépendants (RNI), Mustapha Baïtas, membre du bureau politique de ce parti et, surtout, porte-parole du gouvernement, a été pour le moins tranchant. Dans ce qui ressemble à une réponse aux hashtags relayés sur les réseaux sociaux, appelant au retour à des prix supportables des hydrocarbures à la pompe (7 dirhams le litre de gasoil et 8 l’essence), il a dit niet.
Pour le ministre, cité par le quotidien L’Economiste, cela implique que l’Etat injecte 60 milliards de dirhams de subventions. Non seulement le gouvernement est contre le principe même d’un retour aux subventions des hydrocarbures, mais la facture risque d’être top salée. Lors du même événement, le chef du gouvernement Aziz Akhannouch, a d’ailleurs rappelé que le budget de la Caisse de compensation est passé de 16 à 32 milliards de dirhams cette année, dont 17 milliards pour stabiliser le prix de la bonbonne de gaz (40 dirhams au lieu de 140).
Face à l’option de l’endettement, l’Exécutif oppose l’exposition à de fortes pressions de la part des organisations internationales telles que le FMI ou la Banque mondiale. «Un tel scénario contraindra le Maroc à une politique d’austérité similaire à celle des années 1980 avec le Plan d’ajustement structurel (PAS)», écrit L’Economiste.
Le quotidien relate également la réaction de Baïtas aux voix qui appellent à un redémarrage de la Samir pour amortir le choc. «Ce n’est pas la seule solution, mais une partie de la solution», a-t-il dit. La Samir pourrait certes régler un certain nombre de problèmes (le stockage, le raffinage…), mais le Maroc n’étant pas un pays producteur d’hydrocarbures, le manque persistera.
A cela s’ajoutent un certain nombre de préalables impossibles à remplir. L’endettement de la raffinerie s’élève à 40 milliards de dirhams. Sa relance suppose de surcroît de nouveaux investissements en installations, en mise à niveau des équipements et en modernisation des outils de production. Le montant de ces investissements est estimé à 12 milliards de dirhams.
L’Etat n’étant pas l’unique créancier de la Samir, il faudra en plus régulariser la situation de la raffinerie vis-à-vis des banques marocaines (Banque populaire, Attijariwafa bank, Bank of Africa, Crédit du Maroc) et étrangères (Banque islamique de développement et BNP Paribas notamment). Sans oublier que la Samir fait l’objet d’une instruction judiciaire au Maroc et à l’international, son ancien patron (Al Amoudi, qui a la double nationalité saoudienne et suédoise) ayant intenté un procès à l’Etat marocain. Il l’accuse d’avoir tout fait pour étatiser la Samir. Relancer la raffinerie, c’est lui donner raison.